Air France : la base de Nice promise à la disparition ?
Pour les 119 pilotes et personnels navigants, la fin de la structure est un retour en arrière de onze ans. Elle avait été créée pour contenir l’offre des « low cost » au départ de Nice.
La base Air France de Nice, créée en 2010, a-t-elle vécu ? La forte mobilisation ce week-end des salariés marseillais de la compagnie aérienne le laisse supposer. La fermeture éventuelle de ces trois bases concernerait 438 pilotes et personnels navigants commerciaux qui, depuis onze ans, ne sont plus rattachés directement au hub Air France de Roissy-charles-de-gaulle et peuvent ainsi vivre et « travailler au pays », à partir de Nice, Marseille ou Toulouse.
Une riposte aux « low cost » en
L’inquiétude des salariés concernés - pour la seule base de Nice, ils seraient 119 dont 33 pilotes - n’est pas nouvelle. « C’est un serpent de mer dans la boîte, explique Jeanmarc L., pilote que la fin de la base niçoise impacterait pourtant. On en parlait à l’horizon 2022. Là, cela ressort, mais je crois hélas qu’air France, en pleine crise, a d’autres problématiques bien plus urgentes à traiter que cette histoire. Quoi qu’il en soit, un jour ou l’autre, la base fermera ». Que sont ces bases Air France ? Certains ont cru à tort que leur fermeture augurerait d’un désengagement de la compagnie nationale sur les trois plateformes de Nice, Marseille et Toulon.
« Il n’en est rien ! L’escale niçoise, avec notamment ses navettes vers Roissy et Orly, n’est en rien concernée. Il n’y aura pas moins de vols avant qu’après (voir ci-contre) », précise la direction de la compagnie. Créée en 2010, en riposte à la guerre économique déclarée par les compagnies low cost, la base Air France de Nice, en maintenant dans la région pilotes et personnels navigants, se justifiait alors par l’ouverture au départ de Nice vers de nouvelles destinations. Le plus souvent des moyens courriers censés concurrencer les low cost, notamment Easy jet. Air France ouvrait ainsi de nombreuses lignes à destination de Tunis, Beyrouth, Tel Aviv ou encore Naples, Venise, etc... : « Pour baisser les coûts, il fallait alors que pilotes et navigants soient disponibles sur place » raconte Jean-marc L. qui, luimême, fut rattaché alors à la base de Nice. Concrètement, pour les agents de la base de Nice, vivant dans les Alpes-maritimes, leur prise de poste se faisait dès lors directement sur la plateforme aéroportuaire niçoise : « Avant la création de la base, je vivais déjà à Nice. Comme mon épouse qui est hôtesse, je n’ai plus eu à faire des transferts sur Paris pour aller travailler. En termes de confort, c’est énorme... »
Le soutien des élus
Sauf que, onze ans plus tard, et audelà de l’impact terrible que la
Covid a eu sur les transports aériens, les lignes qui avaient été ouvertes, justifiant la création de cette brigade de navigants installés à demeure, ont presque toutes été fermées une à une.
De surcroît, Air France a confié à sa filiale Transavia la mission de se positionner sur les vols low cost. Fatalité ? Les salariés de Nice, Marseille et Toulouse n’entendent pas en rester là.
La confirmation par la direction du projet de fermeture de ces bases de province a eu un autre effet : pousser les ténors de la politique régionale à monter au créneau. Ainsi, le député LR des Alpes-maritimes Éric Ciotti en appelle au ministre de l’économie Bruno Le Maire « pour empêcher » cette « fermeture. L’état actionnaire doit faire de son maintien une condition sine qua non pour Air France dans l’obtention d’aides publiques ».
Depuis Cannes, David Lisnard refuse que « notre destination » fasse « les frais de l’uberisation des aéroports régionaux » et soit « reléguée au second rang dans les décisions de la compagnie ».
Jugeant que cette décision était une grave erreur qui « témoigne d’un mépris pour les salariés et pour les territoires concernés », Christian Estrosi a adressé un courrier, co-signé par Renaud Muselier, demandant à Anne Rigail, la directrice générale de la compagnie nationale, « le maintien des trois bases de Nice, Marignane et Toulouse Blagnac ».