brèches à traiter
Le contraste est saisissant. D’un côté, des dizaines d’ouvriers affairés à réparer les stigmates d’alex dans la Roya, sur la RD 6204. De l’autre, des habitants de la haute vallée qui ont le sentiment que les chantiers n’avancent pas. Ou pas assez vite. Ou moins vite qu’ailleurs.
À quoi est-ce dû ? À la différence de moyens avec la Vésubie et la Tinée ? À la nature des dégâts propre à chaque vallée ? Au vieux sentiment d’abandon de la Roya, exacerbé par la catastrophe ? Au traumatisme particulièrement aigu à Tende ? Sans doute un peu tout ceci à la fois.
« C’est normal. Ils ont un ressenti. Ils sont blessés par ce qui s’est passé. Mais aujourd’hui, tous les moyens sont mis en oeuvre pour avancer au maximum de nos capacités », assure Guillaume Chauvin. Responsable de la reconstruction de la Roya à la direction départementale des routes, il se dit compréhensif, mais aussi « très fier du déroulement du chantier, malgré ses difficultés techniques ».
Pour les illustrer, le Département des Alpes-maritimes nous ouvre les portes de ce chantier hors normes. Celui qui suit la 6204, en pointillé, du postefrontière de Fanghetto à Saint-dalmas-de-tende, via Breil et Fontan. 140 brèches y ont été recensées. Un bombardement inédit depuis la Seconde Guerre mondiale. «Etonen découvre tous les jours ! », s’exclame
Guillaume Chauvin.
Le noeud du problème : les gorges de Paganin. Étroites, sinueuses, sans issue. En contrebas d’un viaduc, les ouvriers renforcent le soutènement de la route meurtrie. Ils ont aménagé une piste pour rouvrir la circulation. Ils doivent en créer une autre pour ne pas la couper à nouveau.
À cent mètres de là, un passage à gué n’offre aucune échappatoire. Il va falloir créer deux murs au lieu d’un pour maintenir un accès. Le « quoiqu’il en coûte » version Alex. Voilà pourquoi ce chantier a pu donner l’impression de patiner, justifie Guillaume Chauvin. Parce qu’une seule toupie béton peut bloquer l’accès à tout le chantier et à la haute vallée, façon « effet domino ». Et parce que les engins doivent s’arrêter lorsque passent les convois.
« Le seul moyen d’aller plus vite, ce serait de couper le convoi de midi, très pénalisant, ou de travailler de 7 h à 21 h sans possibilité de circulation. Ce n’est pas le but. » Passé cette course d’obstacles, Guillaume Chauvin espère un retour à une circulation sans contrainte à l’automne prochain.
LE MAIRE DE LA BRIGUE : « REGARDER DEVANT »