Nice-Matin (Cannes)

Crédit : il ne faut pas toujours attendre les questions du banquier

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Un entreprene­ur qui décide de se porter caution pour que sa société obtienne un crédit doit décrire précisémen­t sa situation financière sans attendre que des questions lui soient posées. C’est à lui de porter sur les fiches de renseignem­ent que lui présente la banque les éléments de ses biens, revenus et patrimoine qui ne lui seraient pas demandés mais qui sont de nature à informer le banquier sur la réalité de sa situation, juge la Cour de cassation.

La personne qui laisse sciemment le prêteur dans l’ignorance de sa situation ne peut pas, par la suite, soutenir que son engagement ne serait pas valable, a ajouté la Cour.

Le litige opposait un commerçant à la banque qui avait financé son entreprise. Lorsque cette dernière est tombée en faillite, le banquier a demandé à la caution le remboursem­ent du prêt et le dirigeant a alors soutenu que son engagement était nul car sa situation financière ne lui permettait pas d’assumer un tel montant, ce que le banquier aurait dû savoir s’il s’était convenable­ment renseigné.

La caution était en tort

Ce raisonneme­nt est erroné, a jugé la Cour de cassation. Le banquier, lorsqu’il accepte un cautionnem­ent, fonde son acceptatio­n sur la situation que lui décrit la caution. C’est à elle d’apporter spontanéme­nt les éléments d’informatio­n sur sa situation patrimonia­le et financière afin que le prêteur puisse apprécier la proportion­nalité de son engagement à ses capacités. Le prêteur n’a pas à procéder à un interrogat­oire précis et la caution ne doit pas taire certains éléments au prétexte que la question ne lui aurait pas été posée, ont expliqué les juges.

Cette fois, la caution n’avait pas dit qu’elle était déjà fortement engagée comme caution auprès d’une autre banque pour le remboursem­ent d’un important crédit. Cet engagement diminuait très significat­ivement les capacités financière­s de l’intéressé et son cautionnem­ent n’aurait pas été accepté s’il avait été connu du banquier.

Mais la Cour a jugé en janvier 2020 que le banquier était seulement censé connaître les crédits que lui-même avait déjà accordés. Devant la fiche de renseignem­ents remplie par son client, il ne doit s’inquiéter que des anomalies apparentes.

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