Le monument hostile aux Français
Trois victoires seulement en plus d’un siècle ! Le Tour des Flandres, dont la 105e édition a lieu demain, s’avère un terrain historiquement hostile aux coureurs français, un « monument » qui leur a longtemps paru inaccessible.
« Maintenant, j’ai peut-être débloqué le système et les Français vont recommencer à gagner le Tour des Flandres », espérait Jacky Durand au soir de sa victoire en 1992. Vingt-neuf ans plus tard, l’espérance du Mayennais a tourné au voeu pieux même si, à trois reprises par la suite, un coureur français est apparu en mesure de gagner.
Frédéric Moncassin (1997), Sylvain Chavanel (2011) et, à un degré moindre, Julian Alaphilippe, avant sa chute l’an passé alors qu’il figurait dans le trio de tête avec
Mathieu van der Poel et Wout van Aert, ont entrevu le succès.
Sans réussir à imiter Durand et ses deux prédécesseurs d’une époque lointaine, Louison Bobet et Jean Forestier, au milieu des années 1950.
Longtemps, les Français se sont présentés résignés au départ du « Ronde ». À l’exemple de Bernard Hinault qui s’était contenté en 1977 de faire le tour du pâté de maisons au départ de
Saint-nicolas pour remonter dans la voiture et rentrer en Bretagne. Au point qu’en 1992 la victoire de Durand fut accueillie, de son propre aveu, comme «une atteinte à la légende ».
Turgis voit ce qu’il faut faire
Au XXIE siècle, les Français ont appris à apprécier les courses flandriennes dont ils maîtrisent mieux les paramètres avec l’aide des outils techniques modernes.
Même si la connaissance du terrain reste fondamentale et, par-dessus de tout, l’envie, le goût de la lutte pour se placer au mieux sur les routes étroites, macadamisées et parfois pavées, qui tournicotent d’anvers à Audenarde, entre bourgades et champs.
« Ce sont des routes qui me correspondent bien », estime aujourd’hui Anthony Turgis, qui avait fait sensation en prenant l’an passé la quatrième place.
« Je vois ce qu’il faut faire pour revenir à ce niveau-là », affirme le puncheur francilien de l’équipe Total Direct Energie, régulier joue à chaque fois en haut du tableau dans les classiques cet hiver (10e de Milan-sanremo, 12e de l’e3 Classic, 9e de Gandwevelgem, 8e d’a travers la Flandre). Et si c’était lui le successeur de Durand ?