Euthanasie : adoption du texte compromise ?
Avec 3 000 amendements déposés, la proposition de loi risque de ne pas passer jeudi devant les députés.
Quelque 3 000 amendements ont été déposés sur la proposition de loi controversée créant un droit à l’euthanasie pour les personnes souffrant d’une pathologie incurable, ce qui a de grandes chances d’empêcher son adoption jeudi par l’assemblée nationale, ont indiqué hier des sources parlementaires.
Sur ces 3 000 amendements, 2 300 viennent de députés LR, opposés à ce texte instituant un « droit à une fin de vie libre et choisie » du député Olivier Falorni (groupe Libertés et Territoires), prévu dans le cadre de la niche parlementaire attribuée à son groupe. Ce grand nombre d’amendements, s’ils sont bien défendus par leurs auteurs jeudi dans l’hémicycle, va rendre mécaniquement impossible l’examen de leur totalité sur une seule journée.
Une réponse à un débat de société
« Une poignée de députés prétend par l’obstruction parlementaire empêcher l’assemblée de débattre sur un sujet de société majeure », a dénoncé dès vendredi auprès M. Falorni, dont la proposition de loi avait passé un premier cap en étant adoptée mercredi soir en commission.
« La honteuse obstruction des LR empêchera le vote jeudi de la loi sur la fin de vie », s’est insurgé hier dans un communiqué Matthieu Orphelin, ancien membre du groupe Libertés et territoires.
Selon M. Falorni, « cela va scandaliser des millions de Français qui espèrent que cette loi soit enfin votée ».
Le texte du député de Charente-maritime veut apporter une nouvelle réponse au douloureux et sensible débat sur la fin de vie et l’euthanasie, cinq ans après la loi Claeys-leonetti, qui autorise la sédation profonde et continue.
En finir avec une « hypocrisie »
En commission M. Falorni, un ancien socialiste, a reconnu que son texte abordait des « questions existentielles» . Ouvrir un droit à « l’ultime liberté » de décider d’une mort médicalement assistée permettrait de répondre à une « hypocrisie » : laisser les personnes partir en «exil» en Belgique ou en Suisse pour y avoir recours, et fermer les yeux sur les « 2 000 à 4 000 » euthanasies clandestines pratiquées chaque année en France « parfois à l’insu des proches » des malades, selon lui. Le sujet divise tous les groupes parlementaires et suscite l’embarras du gouvernement mais plusieurs figures de la majorité ont apporté leur soutien à la proposition de M. Falorni. Certains opposants estiment qu’un tel sujet ne peut être débattu dans le temps réduit d’une niche parlementaire quand d’autres sont radicalement hostiles à la mesure pour des principes philosophiques et religieux.