Dîners clandestins : un chef tropézien dans la tourmente
Christophe Leroy se cache-t-il derrière les dîners aussi luxueux que clandestins à Paris, dénoncés dans un reportage de M6 diffusé vendredi ? Plusieurs éléments vont dans ce sens. L’affaire, elle, fait depuis grand bruit et déchaîne les réseaux sociaux.
Une nouvelle fois, Christophe Leroy se retrouve dans l’oeil du cyclone. Jamais à court d’idées, même s’il faut pour cela flirter avec l’illégalité (lire par ailleurs), le chef cuisinier semble être au coeur de la polémique qui agite le monde politico-médiatique ces derniers jours.
À l’origine, un reportage de M6, qui avait diffusé vendredi dernier un reportage en caméra cachée dans un lieu présenté comme « un restaurant clandestin situé dans les beaux quartiers ». Les participants comme les serveurs, sans masques, n’y respectent pas les gestes barrières. Selon les premières déclarations de l’organisateur, vite identifié comme étant le collectionneur Pierre-jean Chalençon, « des ministres » dîneraient dans ce type d’établissements. La chaîne privée avait également diffusé d’autres images d’une soirée payante privée, où certains convives se faisaient la bise. Dans ces endroits, comme le souligne avec légèreté un serveur filmé à son insu « une fois que vous passez la porte, il n’y a plus de Covid. On veut que les gens se sentent à l’aise ».
Merci pour ce « délicieux moment gastronomique »
Au menu, caviar, truffes noires, turbot… Le tout préparé par un certain… Christophe Leroy et pour des prix allant de 160 à 490 euros. C’est en tout cas ce que beaucoup d’internautes en ont déduit après avoir fait le lien entre l’appartement présenté dans le reportage et les publications du chef cuisinier sur Instagram et son site Internet. Malgré, depuis, la suppression de plusieurs photos, les preuves d’une activité de restauration en pleine pandémie semblent bien réelles. Le fils de Valérie Trierweler, Léonard, a ainsi publié le 12 janvier dernier un message de remerciements à Christophe Leroy pour «cedélicieux moment gastronomique privé » . Des centaines d’autres publications du même genre ont été visibles jusqu’à dimanche soir sur le profil de l’ancien chef des Moulins de Ramatuelle.
Mise en scène sur les réseaux
Autre indice menant au restaurateur, les déclarations de l’organisateur même de ces soirées clandestines. Dans une vidéo en février, Pierre-jean Chalençon indiquait organiser dans sa résidence des « déjeuners ou dîners » avec Christophe Leroy. Son avocat, Me Thierry Fradet n’a pas souhaité répondre à nos questions (1). « Aucun commentaire » mais une gêne certaine. Car Christophe Leroy s’est mis lui-même en scène, toujours sur les réseaux sociaux, en publiant entre autres une invitation à réserver sa table pour le Palais Vivienne by Leroy’s Club à partir du 11 mars…
Maladresse ? Envie de profiter d’un flou juridique entourant la tenue de soirée gastronomique en ces temps de pandémie ? En tout état de cause, si Pierre-jean Chalençon a plaidé « l’humour » et « le sens de l’absurde » par la voix de son avocat quand il avait assuré que des ministres participaient à de tels repas, la blague n’a pas fait rire grand monde.
Une plaisanterie qui ne passe pas
Et encore moins le procureur de la République, Rémy Heitz, qui a depuis saisi la Brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP) de la police judiciaire de Paris d’une enquête des chefs de mise en danger d’autrui et de travail dissimulé. Pierre-jean Chalençon aura en tout cas du mal à défendre plus avant sa thèse de l’humour, aussi absurde soit-il. Dans un enregistrement audio publié hier midi par M6, le ton employé par l’organisateur présumé paraît loin de la plaisanterie : « J’ai dîné cette semaine dans deux ou trois restaurants, qui sont justement des restaurants soi-disant clandestins avec un certain nombre de ministres. Alors ça me fait doucement rigoler. On est encore en démocratie, on fait ce qu’on veut. [...] C’est bon, ça va ! Ça fait quinze mois qu’ils nous emmerdent… ça fait quinze mois qu’on peut plus rien faire… [...] Je fais ce que je veux, je suis encore en France, je suis encore un citoyen normal. Faut qu’on arrête, quoi ! C’est quoi ce délire ? Ils sont malades, les mecs ! » Les personnes touchées par le virus apprécieront… 1. Également contactés par notre rédaction, les deux protagonistes n’ont pas donné suite à nos appels.