Nice-Matin (Cannes)

L’année sacrifiée de la réforme des études de santé ?

Des étudiants à bout et des parents inquiets qui dénoncent cette année de transition entre l’ancien système et le nouveau imposé par la réforme. Le rectorat de Nice répond.

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Ils ont l’impression d’essuyer les plâtres de la réforme de la Paces, la première année commune aux études de santé, voie universita­ire pour accéder aux enseigneme­nts de médecine, dentiste, sage-femme, kinésithér­apeute et pharmacie (réforme des études de santé de la loi du 24 juillet 2019). En septembre dernier, le cursus est devenu le Pass : le Parcours d’accès spécifique santé, couplé à une deuxième voie d’accès aux études de médecine : les L.AS, Licences accès santé. Et cette année de transition de la réforme passe mal. Très mal, même. Manque d’anticipati­on, mauvaise organisati­on, règles qui changent en cours de route, capacité d’accueil trop basse et « primants » défavorisé­s : voilà ce que dénoncent les étudiants, dont beaucoup sont à bout. Sans compter la crise sanitaire qui complique encore la donne.

Nombre de places, le compte n’y est pas ?

Dans ce combat, ce sont les parents réunis en collectif qui mènent la bataille. « Nos enfants sont déjà assez stressés et perturbés comme ça », fait valoir Yann Kervadec, membre du collectif niçois (devenu associatio­n depuis le 6 avril) « Associatio­n Pass L.AS Nice 21 ». Ce qui leur permettra, «silasituat­ion ne se débloque pas », d’engager une procédure devant le tribunal administra­tif.

Leur principale, mais pas unique revendicat­ion, l’augmentati­on du numerus apertus (nombre de places) dès cette année « transitoir­e ». Une année où se côtoient les doublants de l’ancien système Paces et les primants de ce nouveau cursus

PASS/L.AS. Depuis la rentrée, cohabitent

(1) les 400 redoublant­s de l’ancien régime et les quelque 1 200 étudiants de la nouvelle filière. Le numerus apertus devait être connu en mars 2020.

À Nice, le 7 avril 2021, les étudiants et les parents n’avaient, hier, encore aucune certitude. Yann Kervadec décrypte : « Il faut que dès cette année, comme c’est prévu l’an prochain, le taux de réussite des primants soit de 17 %. Pour ça, il faut augmenter la capacité d’accueil. L’université de Nice a proposé 178 places. Si ce chiffre est accepté, on monte à 14 %, alors qu’avec la capacité proposée par le gouverneme­nt, on est à 9,5 %. Donc même 178 places ce n’est pas suffisant, il en faudrait une trentaine de plus » (lire ci-dessous).

Au niveau national, il manque plus de 4 200 places, selon les différents collectifs qui se sont créés. Quelque 2 000 sont prévues par le gouverneme­nt.

Autre problème, les budgets ! « L’état avait annoncé des budgets supplément­aires pour faire face à l’augmentati­on des capacités d’accueil. Or, là, c’est à budget constant. Pour médecine, c’est plus facile par exemple que pour dentaire, où les fauteuils coûtent cher », argumente Yann Kervadec. Qui déplore aussi « le manque de visibilité » : «Onne connaît pas les modalités d’examens, il y a des oraux dans un mois et personne ne sait comment ils seront organisés. » Voilà ce qui épuise aussi les étudiants qui croulent déjà sous le travail d’un cursus exigeant et sélectif. Beaucoup, d’ailleurs, ont abandonné. « Toutes ces tergiversa­tions, ça pompe aussi leur énergie », témoigne ce père de famille dont la fille est en Pass. D’autant que le verdict est sans appel : en cas d’échec au concours Santé, les étudiants ont interdicti­on de redoubler. 1. Pass s’organise autour d’une « majeure » – les études de médecine – et d’une « mineure » : sociologie, sciences du langage, philo, droit, etc. Pour L.as,c’estune« majeure »dansundoma­ined’études autre que médecine et une « mineure » en santé.

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(Photo d’archives F. Vignola) En décembre , les étudiants en médecine avaient manifesté à Nice.

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