L’année sacrifiée de la réforme des études de santé ?
Des étudiants à bout et des parents inquiets qui dénoncent cette année de transition entre l’ancien système et le nouveau imposé par la réforme. Le rectorat de Nice répond.
Ils ont l’impression d’essuyer les plâtres de la réforme de la Paces, la première année commune aux études de santé, voie universitaire pour accéder aux enseignements de médecine, dentiste, sage-femme, kinésithérapeute et pharmacie (réforme des études de santé de la loi du 24 juillet 2019). En septembre dernier, le cursus est devenu le Pass : le Parcours d’accès spécifique santé, couplé à une deuxième voie d’accès aux études de médecine : les L.AS, Licences accès santé. Et cette année de transition de la réforme passe mal. Très mal, même. Manque d’anticipation, mauvaise organisation, règles qui changent en cours de route, capacité d’accueil trop basse et « primants » défavorisés : voilà ce que dénoncent les étudiants, dont beaucoup sont à bout. Sans compter la crise sanitaire qui complique encore la donne.
Nombre de places, le compte n’y est pas ?
Dans ce combat, ce sont les parents réunis en collectif qui mènent la bataille. « Nos enfants sont déjà assez stressés et perturbés comme ça », fait valoir Yann Kervadec, membre du collectif niçois (devenu association depuis le 6 avril) « Association Pass L.AS Nice 21 ». Ce qui leur permettra, «silasituation ne se débloque pas », d’engager une procédure devant le tribunal administratif.
Leur principale, mais pas unique revendication, l’augmentation du numerus apertus (nombre de places) dès cette année « transitoire ». Une année où se côtoient les doublants de l’ancien système Paces et les primants de ce nouveau cursus
PASS/L.AS. Depuis la rentrée, cohabitent
(1) les 400 redoublants de l’ancien régime et les quelque 1 200 étudiants de la nouvelle filière. Le numerus apertus devait être connu en mars 2020.
À Nice, le 7 avril 2021, les étudiants et les parents n’avaient, hier, encore aucune certitude. Yann Kervadec décrypte : « Il faut que dès cette année, comme c’est prévu l’an prochain, le taux de réussite des primants soit de 17 %. Pour ça, il faut augmenter la capacité d’accueil. L’université de Nice a proposé 178 places. Si ce chiffre est accepté, on monte à 14 %, alors qu’avec la capacité proposée par le gouvernement, on est à 9,5 %. Donc même 178 places ce n’est pas suffisant, il en faudrait une trentaine de plus » (lire ci-dessous).
Au niveau national, il manque plus de 4 200 places, selon les différents collectifs qui se sont créés. Quelque 2 000 sont prévues par le gouvernement.
Autre problème, les budgets ! « L’état avait annoncé des budgets supplémentaires pour faire face à l’augmentation des capacités d’accueil. Or, là, c’est à budget constant. Pour médecine, c’est plus facile par exemple que pour dentaire, où les fauteuils coûtent cher », argumente Yann Kervadec. Qui déplore aussi « le manque de visibilité » : «Onne connaît pas les modalités d’examens, il y a des oraux dans un mois et personne ne sait comment ils seront organisés. » Voilà ce qui épuise aussi les étudiants qui croulent déjà sous le travail d’un cursus exigeant et sélectif. Beaucoup, d’ailleurs, ont abandonné. « Toutes ces tergiversations, ça pompe aussi leur énergie », témoigne ce père de famille dont la fille est en Pass. D’autant que le verdict est sans appel : en cas d’échec au concours Santé, les étudiants ont interdiction de redoubler. 1. Pass s’organise autour d’une « majeure » – les études de médecine – et d’une « mineure » : sociologie, sciences du langage, philo, droit, etc. Pour L.as,c’estune« majeure »dansundomained’études autre que médecine et une « mineure » en santé.