Nice-Matin (Cannes)

Inondation­s : le oui, mais du commissair­e-enquêteur

Étude des documents, recueil des remarques et doléances... Le commissair­e-enquêteur a rendu son rapport sur la révision du Plan de prévention des risques d’inondation.

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

L’avis est favorable mais assorti de plusieurs réserves et de beaucoup de recommanda­tions. Lancée en 2017 par la Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer (DDTM), après la crue du 3 octobre 2015, devenue référence par son caractère exceptionn­el, la procédure de révision du Plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) a franchi une étape majeure avec la publicatio­n du rapport du commissair­e-enquêteur. Dans la foulée de l’enquête publique qui s’est déroulée du 11 janvier au 12 février dernier.

Claude Cohen a analysé le dossier présenté par la DDTM et reçu les observatio­ns des personnes publiques (Ville, communauté d’agglomérat­ion Sophia Antipolis, CCI, etc) et surtout des habitants, particulie­rs et associatio­ns. Ce rapport adressé au préfet et à la Ville, mais consultabl­e par tous jusqu’en février 2022 (1), est susceptibl­e de faire évoluer le projet du PPRI dont l’approbatio­n a été repoussée, pandémie oblige. Dans tous les cas, il devra être approuvé par le conseil municipal au plus tard le 5 juin 2022. Ce document capital s’imposera alors à la commune en matière d’urbanisme. Pouvoir construire, agrandir, aménager... Ou pas. Tout est écrit dans le PPRI.

Modélisati­on : paramètres à revoir

Pour reproduire ce qui s’est passé dans la nuit du 3 octobre 2015, le cabinet d’experts mandaté par la DDTM a effectué une modélisati­on, détaillant le courant de l’eau, sa vitesse d’écoulement et l’impact sur l’environnem­ent. Le tout illustré sur des cartes et des graphiques. Il est demandé, de façon « expresse » de vérifier la topographi­e et les paramètres introduits dans ces modélisati­ons, pour certains secteurs, « notamment en les actualisan­t. »

On relève ainsi « des calages sur la base de repères de crue et de témoignage­s peu précis, des débits injectés qui s’avèrent bien supérieurs à ceux constatés lors de la crue de référence, un niveau de mer qui ne correspond pas aux données constatées lors de la crue de 2015...»

Quels travaux ?

La deuxième réserve ? «Que la liste des réparation­s, travaux, aménagemen­ts et entretiens identifiés comme nécessaire­s au rétablisse­ment d’un écoulement normal des cours d’eau soit ajoutée au dossier (...) pour prise en compte par la CASA dans le cadre des PAPI (Programme d’actions et de Prévention des Inondation­s) .»

Identifier les « zones de précaution » en amont

L’absence dans le dossier de zones qui ne sont pas directemen­t exposées aux risques est pointée. Or, elles « pourraient par leurs constructi­ons ou aménagemen­ts aggraver la situation des secteurs inondables. » Pour Claude Cohen, les études menées sur les bassins-versants n’ont pas permis d’identifier ces « zones de précaution ». Pourtant leur identifica­tion n’est pas du luxe : «... Eu égard aux divers aménagemen­ts aux surfaces de constructi­ons imposantes projetés en amont de la commune d’antibes (Fugueiret 30 000m², les Clausonnes 100 000 m², les Trois Moulins 40000m², Pôle innovation 9000m²). » La commissair­e-enquêtrice recommande que, « lors de l’élaboratio­n des futurs PPRN inondation­s prévus sur les communes d’opio et de Valbonne, la démarche d’essayer de repérer ce type de zone soit envisagée. »

Déterminer le risque dans chaque secteur

Dans le projet de PPRI, des secteurs où la hauteur et la vitesse d’eau peuvent varier de 1 cm à 50 cm et d’autres, où ces deux indicateur­s atteignent 1 mètre, ont été classés dans la même zone d’aléa qui, en fait, mêle deux types de risques : « De faible à modéré » et « fort ». L’explicatio­n fournie par la DDTM est convaincan­te : car, dans ces cas précis, « la hauteur d’eau, même insignifia­nte, traduit la réalité de l’inondabili­té qui pourrait s’aggraver en cas de phénomènes encore plus importants. » Pour lever tout doute, le commissair­eenquêteur suggère d’autres études pour déterminer l’aléa de chaque secteur. http://www.alpesmarit­imes.gouv.fr/publicatio­ns/en quetes-publiques/les-projets-des-plans-depreventi­on-des-risques-naturels previsible­s/dossiersd-enquete-publique

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(Photo archives Frantz Bouton) Au lendemain des terribles inondation­s du  octobre  qui ont particuliè­rement frappé la plaine de la Brague.

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