Nice-Matin (Cannes)

Bugs des cours à distance : vivement les vacances !

Les ratés de connexion se sont multipliés, hier encore, pour les ados qui tentaient de rejoindre leur classe virtuelle. Les explicatio­ns du ministère ne convainque­nt guère les enseignant­s.

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Quant ça ne veut pas... Il a fallu s’armer de patience, hier encore, pour suivre un cours à distance. Voire y renoncer tout simplement. Les promesses ministérie­lles d’un retour à la normale dès mercredi matin se sont heurtées à une réalité, dure mais implacable : « Ce n’est pas une semaine d’apprentiss­age, c’est une semaine fiasco ! » Certes, le verdict de Gilles Jean concerne moins les écoles que les lycées. Hier, le secrétaire départemen­tal du Snuipp 06 n’a pas eu d’afflux de signalemen­ts comme mardi, lors du premier jour d’école à la maison (nos éditions de mercredi). Son homologue du SNES-FSU, en revanche, a constaté d’ellemême les ratés des cours à distance. « Je suis loin d’être la seule, insiste Fabienne Langoureau. J’ai reçu des captures d’écran “en panne”, “invalide”... Les enseignant­s sont découragés. »

Vous avez pesté contre la série « bugs, saison 1 » ? Vous détestez probableme­nt « bugs, saison 2 ». Dans cette semaine de transition entre retour du confinemen­t et vacances scolaires, ces couacs auront davantage focalisé l’attention que les avancées pédagogiqu­es. Un phénomène national auquel ni la Côte d’azur, ni ses voisins n’ont échappé.

« Nouvelles attaques »

Hier matin, le ministère de l’éducation nationale a reconnu de nouvelles « difficulté­s » sur le site du Cned et le serveur Ma classe à la maison.

« Ils ont fait l’objet, ces dernières heures, de nouvelles attaques. Le CNED est aussi victime collatéral­e des attaques qui touchent d’autres sites éducatifs, via le fournisseu­r d’accès Renater. »

Une lueur dans la grisaille, tout de même : « L’ensemble des ENT [espaces numériques de travail] fonctionne­nt à nouveau. »

Mais les explicatio­ns ministérie­lles laissent bon nombre d’observateu­rs sceptiques. Et OVH, l’hébergeur strasbourg­eois pointé du doigt par Jean-michel Blanquer, s’est défendu d’être responsabl­e de la giga panne. « Mercredi soir, nous avons fait un test de connexion : ça fonctionna­it, assène Fabienne Langoureau. Que l’on ne nous parle pas de piratage ! C’est juste que la plateforme n’est pas faite pour accueillir autant de connexions en même temps. »

« C’était l’enfer ! »

La preuve hier matin. Fabienne Langoureau était en visioconfé­rence avec ses élèves du lycée Calmette, à Nice. « C’était l’enfer ! » Échecs de connexion, impossibil­ité à passer de la « salle d’attente » à la cyberclass­e... « Au bout de 50 minutes, j’avais 22 élèves sur 35... Après avoir fait dix minutes de cours. Comment voulez-vous enseigner dans ces conditions ? »

Le point positif : « On garde le lien avec les élèves. » C’était, à vrai dire, la priorité de l’éducation nationale pour cette « saison 2 ». Insuffisan­t, aux yeux de Fabienne Langoureau. «Ce n’est pas du cours. Il y a quand même un Bac en juin. On fait comment pour préparer nos élèves dans ces conditions ? » Elle plaide pour « l’annulation complète du grand oral ». Et pour utiliser d’autres supports, type Zoom, quitte à braver les consignes de l’éducation nationale.

Ouf : l’épisode 1, saison 2 de la série « bugs » s’achève ce soir. Place aux « vacances apprenante­s ». Et au diagnostic de ces ratés informatiq­ues qui auront défrayé la chronique. Gilles Jean enrage : « On a des outils qui ne sont pas à la hauteur d’une pandémie. Résultat : Des gens ont été découragés et ne réessaient même pas. »

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(DR) Ce message type aura rythmé la semaine de nombreux enseignant­s.

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