Déconfinement : « il est important d’observer une phase de transition »
Depuis plus d’un an, le Dr Véronique Mondain, infectiologue au CHU de Nice, plaide pour des contrôles effectifs et efficaces aux frontières et dans les aéroports afin de contenir le risque de circulation des nouveaux variants, brésilien notamment. « Limiter la possibilité de se déplacer est une mesure de bon sens : que ce soit entre les régions françaises mais aussi et surtout s’agissant de voyageurs en provenance de l’étranger, susceptibles d’importer ces variants. »
La spécialiste fait la balance entre le fait de freiner la pandémie et la nécessité pour la population de continuer à vivre. « Certaines mesures ne reposent pas sur des données scientifiques de risque de contamination. Par exemple concernant la fermeture des commerces : il aurait été possible de laisser ouvertes les petites enseignes en adoptant des mesures telles qu’une jauge à l’entrée, en plus des gestes barrières. C’est facile à mettre en place et surtout cela permet de maintenir l’activité économique, souligne le Dr Mondain. Dans le même ordre d’idées, on peut imaginer de réautoriser certaines activités en les adaptant, notamment tout ce qui peut être fait en plein air. »
« Pas de stop and go »
Toutefois l’infectiologue prévient : « il ne faut surtout pas faire de stop and go, c’est-àdire tout rouvrir comme avant au risque de reconfiner après comme cela a été fait. Il est important d’observer une phase de transition en maintenant les gestes barrières. En passant par des “sas de décompression”, on pourra retrouver un niveau de liberté plus important tout en maintenant la vigilance. » Le Dr Mondain rappelle par ailleurs que toutes ces mesures s’inscrivent dans le contexte d’une montée en charge de la vaccination. « Là aussi, il subsiste des interrogations dans la population : cela montre qu’il faut rassurer et rappeler que le vaccin protège des formes graves de la Covid et, aujourd’hui on le sait, contre la majorité des risques de contamination. La balance bénéfice-risque penche incontestablement en faveur de la vaccination. »
Et de conclure : « il faudra un jour s’interroger : pourquoi et comment en sommesnous arrivés là ? On ne pourra pas reprendre les habitudes de vie que l’on avait auparavant et qui conduisent au développement de zoonoses [des maladies infectieuses transmises de l’animal à l’homme, ndlr]. Il faut tirer les conclusions de tout ce que l’on vit. »