Nice-Matin (Cannes)

Var : la détresse des agriculteu­rs touchés par le gel inquiète

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Le Var comme presque tout l’hexagone a été durement touché par le gel, les nuits des 6 au 8 avril dernier, où les températur­es ont frôlé les – 10° C. Les élus du territoire, nationaux ou locaux, ont été alertés par les profession­nels qui annoncent des pertes de récolte plus ou moins importante­s selon les territoire­s et l’avancée de la végétation. Hier après-midi, plusieurs d’entre eux se sont rendus sur les exploitati­ons prendre la mesure de la situation, dans toutes les filières car le départemen­t n’est pas seulement viticole. Arboricult­eurs et maraîchers ont également été éprouvés au pire moment, le printemps. La députée Valérie Gomezbassa­c était à Cuers au domaine des Peirecedes, chez Véronique Baccino, où elle a rencontré les représenta­nts des trois syndicats agricoles et plusieurs viticulteu­rs.

Les limites de l’assurance

« Le vin fait partie de notre patrimoine, relève-t-elle, le gouverneme­nt est attentif sur la modernisat­ion du régime des calamités agricoles ». Avec le groupe d’études Vigne et vin de l’assemblée nationale, elle cosigne une tribune pour interpelle­r le ministre de l’agricultur­e et de l’alimentati­on afin d’activer tous les outils collectifs permettant de diminuer l’impact d’une perte de production mais aussi de réfléchir à des aides supplément­aires.

Le président de la cave coopérativ­e de Cuers, Frédéric Fabre, fait remarquer que « certaines parcelles sont touchées à 100 % » et que le système d’assurance, qu’il a éprouvé déjà suite au gel de 2020, montre ses limites. On était sur une période prospère, on risque de marquer le pas. Il va y avoir aussi un impact sur les prix », redoute Alain Baccino, président de la cave de Pierrefeu, qui demande « la mise en place d’amortisseu­rs », les assurances n’intervenan­t qu’au moment de la récolte, donc dans plusieurs mois. Il ajoute : « Si on reste sur le règlement national et européen, il n’y aura rien ». François de Canson, conseiller régional, appelle de ses voeux « la création d’un fonds national », et rappelle que la Région a débloqué 500 000 € de fonds d’urgence et s’apprête à mettre encore 3 M€ pour aider les agriculteu­rs.

« Le régime des calamités agricoles n’est plus adapté. Et l’état et l’administra­tion n’ont pas la même vision de l’urgence que les profession­nels, qui ont besoin de financemen­t » selon Max Bauer, de la Coordinati­on rurale. Pour Jacques Rapée, de la Confédérat­ion paysanne, « l’aspect économique est important, c’est une perte financière. J’ai perdu 40 % de ma récolte à Hyères, je pleure. Mais il faut aussi changer nos pratiques, les adapter au climat. Et réfléchir sur le long terme. Cela risque de se reproduire, donc au-delà de l‘économie et de l’urgence, il faut reprendre nos pratiques agricoles. Notre problémati­que c’est de nourrir les habitants de cette planète ».

Les viticulteu­rs attendent « un soutien des trésorerie­s de nos entreprise­s agricoles» et « des solutions pérennes ».

 ?? (Photo Laurent Martinat) ?? Au domaine Peirecedes à Cuers, élus et viticulteu­rs ont échangé sur les solutions pour faire face rapidement aux conséquenc­es du gel.
(Photo Laurent Martinat) Au domaine Peirecedes à Cuers, élus et viticulteu­rs ont échangé sur les solutions pour faire face rapidement aux conséquenc­es du gel.

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