Nice-Matin (Cannes)

Piège à loup

- de PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-matin edito@nicematin.fr

Le  juin prochain, les premiers vacanciers auront chargé le coffre de leur voiture jusqu’à ras bord, petit sourire insouciant au coin des lèvres. Le calendrier de la campagne de vaccinatio­n sera respecté. À la dose près. Et la région Paca aura un nouveau président : un ancien ministre. Mais pas aux affaires étrangères comme Renaud Muselier. Plutôt en charge des transports. Et son nom sera Thierry Mariani. Un scénario hautement improbable. Il y a peu de chances que le calendrier soit tenu : trop d’incertitud­es sur les livraisons de vaccins. Pour le reste...

Jamais l’ex-front National n’a paru si proche du perchoir de l’hémicycle régional. Thierry Mariani, transfuge du RPR, n’a pas encore déclaré sa candidatur­e, mais un boulevard s’ouvre devant lui. Moins brillant que Marion Maréchal, candidate en  quand elle s’appelait encore Le Pen, il fait de la grisaille un missile passe-muraille. Qu’il soit proche d’autocrates et de dictateurs nommés Vladimir Poutine ou Bachar el-assad passe pour peccadille et vétille dans une période où tant de Français en général, tant de Provençaux et d’azuréens en particulie­r, n’ont qu’une envie, c’est renverser la table.

Ce sondage IFOP réalisé deux mois avant le premier tour pour La Tribune et Europe , lui donne, compte tenu de la marge d’erreur, l’espoir de devenir le premier élu français d’extrême droite à la tête de l’une des grandes régions d’europe. Pour lui barrer la route, ses adversaire­s vont devoir la jouer fine. À droite, la stratégie d’il y a six ans a de fortes chances d’être reconduite : Renaud Muselier, ex troisquart­s aile, va passer au poste de demi d’ouverture. L’élan républicai­n – à ne pas confondre avec le front républicai­n – contre la logique de parti, celle des... Républicai­ns. Un rassemblem­ent de la droite, du centre, avec l’appoint de la société civile, les convaincus, ceux qui se laisseront convaincre et tous ceux qu’effraye le spectre d’une victoire du RN. Bref, une stratégie à la Macron qui pousse à une entente cordiale avec les candidats LREM. Avant même le premier tour.

La gauche et les écolos préfèrent la version solo. Unis, ils pourraient représente­r une alternativ­e, mais sans candidatur­e de rassemblem­ent, et avec la peur au ventre de faire un bon score le  juin mais de se diviser pendant l’entredeux tours sur un retrait de la liste face à la menace Mariani, ils préfèrent, bien qu’ils disent le contraire, se diviser maintenant et partir au combat comme on va à l’abattoir. Pour sortir du piège à loup, que faudrait-il à gauche comme à droite ? De la lucidité ? De l’imaginatio­n ? Entre autres choses. Et à haute dose.

« [...] l’espoir de devenir le premier élu français d’extrême droite à la tête de l’une des grandes régions d’europe »

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