Nice-Matin (Cannes)

Qui tire sur les chats des Rastines ?

Trois plaintes ont été déposées pour des faits de cruauté sur les félins : blessés, devenus aveugles, ils ont été pris pour cible. Un appel à témoins est lancé...

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

Cruauté. À l’état pur. Difficile de ne pas avoir les tripes en vrac en entendant les récits de ces trois Antiboises. Il y a encore quelques semaines, elles ne se connaissai­ent pas. Aujourd’hui, c’est une colère, une angoisse et un drame qui les lie.

« À ma connaissan­ce, cela fait quatre cas en six mois dans le petit périmètre où l’on habite », résume Véronique (1) qui réside dans le quartier des Rastines depuis 1999 : « Quatre de nos chats ont disparu depuis qu’on est installés ici. »

Des mystères qui restent entiers. Mais depuis le 30 septembre 2020, un horrible scénario a fait apparition dans son esprit : et s’il leur était arrivé la même chose que Charly ? « Ce matin-là, j’ai découvert mon chat prostré. Et pour cause : il est revenu à la maison avec vingt-trois plombs dans la tête ! » Sueur froide. « Le vétérinair­e a été formel : ce sont des tirs à bout portant. » Touché aux deux yeux, il présente des hémorragie­s de la rétine – comme en témoigne l’attestatio­n médicale : « Depuis, il est atteint d’une cécité progressiv­e. » Silence. « On a eu de la chance qu’il en réchappe .»

« Les plombs bougent dans son corps… »

Comment a-t-il pu être pris pour cible ? « Sincèremen­t, je n’en sais rien », reconnaît Véronique qui a porté plainte. De la même manière que Jessica, résidant du côté du chemin du Vallon vert.

« La première fois, c’était au mois d’octobre, Dali a reçu trente plombs avec la perte totale d’un oeil. Pour tout vous dire, je ne suis pas allée au commissari­at, pensant qu’on n’accepterai­t jamais mon dépôt de plainte. Mais la deuxième fois, j’y suis allée. Des voisins m’ont dit entendre des déflagrati­ons. »

À même pas encore deux ans, son matou se retrouve avec une soixantain­e de plombs dans le corps. « On ne peut pas tous les retirer. Certains se sont fichés trop profondéme­nt. Mais le problème c’est qu’ils bougent en lui avec le temps. Cela peut créer d’autres problèmes de santé. » Coeur lourd. « Oui, c’est un p’tit gars solide… » L’émotion prend le dessus. Les radiograph­ies, froides, en disent long. Les impacts apparaisse­nt çà et là.

Glaçant.

« Au départ je ne le laissais plus sortir du tout… Mais ce n’est pas une vie pour lui ! Alors il reprend ses habitudes. Mais je ne suis pas tranquille. »

« Et si c’était un enfant qui était un jour visé ? »

Un sentiment d’insécurité qui ronge les trois foyers victimes. Également maman, Estelle parle de son petit chaton comme de la prunelle de ses yeux. « Je sais, certains trouvent ça étrange mais je n’y peux rien. J’aime mes animaux. Ils font partie de la famille », affirme-t-elle en sortant du commissari­at d’antibes : « Il ne faut pas que la personne qui tire s’en sorte ! C’est trop grave. » Sensible après avoir vécu le décès d’un premier félin, la jeune femme ne peut pas tolérer que ces odieux actes restent impunis. Encore moins lorsqu’ils se répètent. Et qu’ils touchent à son bébé. « Il a huit mois », déclare-t-elle, voix blanche. « Il me ramenait des oiseaux morts, des moitiés de souris. Des cadeaux à ses yeux. Mais un scandale pour nous ! Alors du coup son prénom était tout trouvé : Scandale », raconte-t-elle avec une immense tendresse. Mais son ton de voix durcit lorsqu’elle évoque l’horreur de lundi : « Il saignait partout. Je ne comprenais rien. Je l’ai amené en urgence chez le véto. » Scène d’horreur : « Vingt-trois plombs dans la face. Durant toute l’opération je l’ai rassuré avec ma voix… J’ai tourné de l’oeil, je vous l’avoue. »

Effroi. Incompréhe­nsion. Rage. « C’est un amour, il fait des câlins, il est joueur. Aujourd’hui il est aveugle, a peur de tout. Je dois m’annoncer quand je rentre sinon il est dans un état de panique incroyable… Qui peut faire ça, franchemen­t ? À quel moment on tire comme ça en ville ? Sur des êtres vivants qui plus est ? » Gorge nouée.

« On ne doit pas êtres les seules. J’entends dire que c’est monnaie courante ce genre de faits dans le coin… Pourquoi personne n’a rien fait avant ? Est-ce qu’on attend que ce soit un gosse qui prenne des plombs ? »

Le moment est venu de parler. Pour agir. L’appel à témoins est lancé. Le réseau de bénévoles Urgence pour un animal 06 reçoit les messages des personnes ayant des informatio­ns pouvant être utiles à l’avancée de ce dossier. Pour les contacter, rendez-vous sur la page Facebook @urgencepou­runanimal : l’entité assure l’anonymat des contribute­urs.

1. Par souci d’anonymat, les prénoms ont été changés.

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(DR) Scandale,  mois, est désormais aveugle après avoir reçu des plombs dans le visage.
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Victime de tirs, Charly souffre d’hémorragie­s de la rétine : il perd progressiv­ement la vue.
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Aujourd’hui, le regard de Dali a changé : il a perdu totalement la vision d’un oeil.
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Les impacts de plombs se voient sur les radiograph­ies.

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