Derrière l’amiral, la marine
Robert Verlaque n’en est pas à son coup d’essai. Il vient de publier De Grasse vers l’apogée de la marine française 1722-1788, qui met en parallèle l’histoire de l’homme et de son institution
ÀGrasse, comme à Bar-surloup où il est né en septembre 1722, chacun connaît l’amiral de Grasse, dont les statues trônent en majesté sur le Cours grassois et à deux pas du château barois. L’histoire de François Joseph Paul, comte de Grasse, est intimement liée à celle de la marine et de l’amérique. Grâce à l’intervention de sa flotte et des 6 000 hommes qu’il commandait depuis le Ville de Paris (son navire à trois ponts et 104 canons), l’amiral a fait pencher la balance du côté de l’indépendance.
« Oublié pendant des années »
« En empêchant le ravitaillement de 10 000 Anglais dans la baie de la Cheasapeake, il impose leur capitulation », résume Robert Verlaque, auteur du récent De Grasse vers l’apogée de la marine française 1722-1788 (Éd. Tac Motifs) et de deux autres bouquins plus anciens sur l’histoire de la cité des parfums : Grasse du Moyenâge à la Belle Époque, puis Grasse dans le bouleversement du XXE siècle (Éd. Riqueti). « Et pourtant, reprend celui qui est aussi président du Cercle culturel du Pays de Grasse, il a été oublié pendant des années. Sans doute parce que ce grand nigaud, il mesurait 2 mètres, a été battu peu après lors de la bataille de Saint-domingue
et fait prisonnier par les Anglais. Prisonnier de luxe tout de même : le roi d’angleterre lui propose de l’héberger, ce qu’il refuse. Et parce qu’il intente un procès contre ses subordonnées qu’il estime responsables de sa défaite antillaise, le Grassois, qui a déjà 62 ans, tombe en disgrâce. C’est aussi pour ça que j’ai voulu écrire ce livre. »
Au-delà du comte de Grasse et ses cinq décennies sur les mers – il débute comme page des chevaliers de Malte à 11 ans, devient officier à 16 ans… Et après bien de batailles navales, meurt à Paris en janvier 1788 –, Robert Verlaque avait une autre motivation pour écrire ce petit bouquin d’histoire en plein premier confinement : évoquer, derrière l’époque et le contexte politique, l’évolution de la marine du XVIIIE siècle. « Lorsque l’amiral naît en 1722, la France n’a plus de marine. Elle s’entend avec l’angleterre qui, elle, est très présente sur les mers. Pourtant, les choses vont changer grâce au talent de Louis XVI pour les relations et le commerce extérieurs. »
La bosse du commerce
Le monarque, avant de perdre la tête, développe des échanges commerciaux par-delà les mers : esclaves, sucre, tabac, café, indigo… Tout le monde se découvre la bosse du commerce et tout le monde veut son bateau. Le roi tisse aussi des relations avec ses voisins qui tiennent l’angleterre en respect. « La marine française atteint son apogée au moment de la guerre d’amérique. C’est le seul moment où elle bat l’angleterre sur l’eau ! Mais tout ça s’arrête à la Révolution. »
Robert Verlaque s’est aussi réjoui de l’importance des Provençaux dans la marine française du XVIIIE : « C’était une tradition de la noblesse de servir dans la marine. En Provence comme ailleurs. Mais trois Provençaux dirigeaient la marine française à ce moment-là : Barras, Suffren et de Grasse, sourit l’auteur. D’ailleurs, les marins de l’époque étaient majoritairement Bretons ou Provençaux. Mais dans les bateaux, ils ne se mélangeaient pas, car ils ne parlaient pas la même langue ! »
Savoir +
De Grasse vers l’apogée de la marine française 17221788 (Éd. Tac Motifs). 13 euros, dans les librairies du pays de Grasse.
La maquette du Ville de Paris est à découvrir au musée de la Marine de Grasse dès qu’il aura rouvert.