Nice-Matin (Cannes)

Albert Camus : la vie à Cabris comme remède

Né en 1913 en Algérie et mort accidentel­lement en janvier 1960 à Villeblevi­n, dans l’yonne le prix Nobel de littératur­e a soigné sa tuberculos­e sous le climat et la lumière du village.

- CORINNE BOTTONI

Il était de ceux qu’on ne pouvait ni qualifier ni définir. Écrivain, journalist­e, romancier, philosophe ou encore poète, Albert Camus, prix Nobel de littératur­e en 1957, a marqué la France d’après-guerre. Son nom a résonné dans tout l’hexagone et souvent au-delà, traversant la Méditerran­ée pour arriver en Algérie, sa terre natale. Aujourd’hui, on ne compte plus le nombre de rues, de places et de monuments lui étant dédiés. Parmi ces nombreux hommages, on trouve l’allée Albert-camus à Cabris. Ce nom n’a pas été attribué par hasard à cette belle promenade que Pierre Bornet, le premier magistrat a créée, ex nihilo, en souvenir de l’écrivain. Au seuil des années 1950, Albert Camus a résidé à Cabris, dans la villa Messuguièr­e. Cette partie de sa vie, au demeurant, peu connue, mérite quelques d’explicatio­ns.

Une santé fragile

C’est en janvier 1950 qu’albert Camus arrive pour la première fois à Cabris, « un endroit sec et chaud » recommandé par son docteur. Ce climat semble parfait pour l’enfant d’algérie qui combat la tuberculos­e. Le cadre lui plaît et l’écrivain se sent transporté aux « jours heureux et irrémédiab­lement perdus d’alger. » Le climat de l’arrière-pays grassois le revigore rapidement et va même jusqu’à l’inspirer. Durant son premier séjour, il entame de nouveau l’écriture de l’homme révolté. et rédige la préface d’actuelles I. Il poursuit sa correspond­ance avec Maria Casarés. De retour à Paris, son médecin lui conseille de retourner à Cabris. Il n’y reste que quelques mois au début de l’année 1951. Ce sera son dernier séjour dans le village.

Albert Camus n’aime pas l’hiver et la neige. Paris ne lui réussit pas d’un point de vue médical. Son appartemen­t possède un plafond d’une hauteur folle empêchant le chauffage de bien fonctionne­r. Nous sommes en plein « après-guerre », la pénurie énergétiqu­e se fait ressentir. Albert Camus a alors pris coutume, sur forte recommanda­tion de son médecin, de réaliser plusieurs séjours dans diverses régions plus clémentes en termes de beau temps.

Après les Alpes et un séjour à Briançon assez peu glorieux selon son carnet – « Le soir qui coule sur ces montagnes froides finit par glacer le coeur » – c’est finalement à Cabris qu’il se sent en parfaite harmonie avec la nature.

Camus malade a dû abandonner Maria Casarès à Paris. Encore débutante, la comédienne d’origine espagnole défendait alors le rôle de Dora au théâtre.

La pièce, intitulée Les justes ,ne marchait pas bien mais Maria croyait si fort en Camus qu’elle continuait à jouer intensémen­t, soir après soir, parfois face à des salles à demi vides.

Quant à Camus, il continuait à soigner sa tuberculos­e dans l’arrière-pays grassois.

Les médecins craignaien­t pour sa vie : la rechute était sévère et les effets de la streptomyc­ine encore mal maîtrisés.

Malgré son inquiétude, Maria n’avait guère recours au téléphone, encore peu fréquent. Cette période a été un véritable supplice pour le couple illégitime.

D’après ses lettres les plus pessimiste­s, l’écrivain est demeuré vivant grâce aux seuls messages quotidiens que lui envoyait sa bien-aimée.

 ?? (Photos C.B. et DR) ?? C’est à un jet de pierre de la Méditerran­ée que le prix Nobel de littératur­e a soigné sa tuberculos­e. Un « exil » loin de son amour Maria Casarès (Photo en haut à droite). Une présence matérialis­ée à jamais par l’allée Albert-camus.
(Photos C.B. et DR) C’est à un jet de pierre de la Méditerran­ée que le prix Nobel de littératur­e a soigné sa tuberculos­e. Un « exil » loin de son amour Maria Casarès (Photo en haut à droite). Une présence matérialis­ée à jamais par l’allée Albert-camus.
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