C’est l’heure du révélateur
Apparue sous son meilleur jour lors de la mise à feu nocturne au Qatar, la Yamaha M1 va-t-elle enfoncer le clou à Portimao ? Pour Fabio Quartararo, le verdict du tracé lusitanien pèsera lourd.
Sans doute aurait-il aimé prolonger cet instant d’éternité. Cet inédit feu d’artifice bleublanc-rouge tiré à quatre mains, avec le voisin cannois de podium Johann Zarco, dans le ciel étoilé du Grand Prix de Doha. Douze jours après ce nouveau triomphe historique, son quatrième dans la catégorie reine, Fabio Quartararo tourne la page pour entamer un autre chapitre. Loin du Qatar et du tracé de Losail où la Yamaha M1 a réussi un départ en fanfare ponctué de deux victoires en deux semaines.
Installé dans le top 3 provisoire (2e à 4 points de Zarco, épatant leader), ex aequo avec le nouveau coéquipier, Maverick Viñales, héros auparavant de la course d’ouverture (GP du Qatar, le 28 mars), le jeune successeur niçois de Valentino Rossi au sein du team usine de la firme aux diapasons revient sur le Vieux Continent. Destination Portimao et le Grand Prix de Portugal, dont les essais libres débutent ce matin.
Tir groupé hors du top en
Son ambition à l’abord du virage numéro 3 ? Surtout ne pas faire bégayer l’histoire ! Car il n’a pas oublié le scénario du début de saison précédent. Après les deux retentissants succès enchaînés d’entrée dans
l’arène andalouse de Jerez, tout le monde le voyait déjà foncer vers le sacre suprême. Un enthousiasme atténué dès l’étape suivante, en République tchèque, où la Yam’ n°20 du team satellite Petronas SRT accusait un premier coup de « moins bien » (7e). Brno marquait l’aube d’une trajectoire en dents de scie, avec plus de bas que de haut, conclue dans la douleur trois mois plus tard du côté de... Portimao.
La finale lusitanienne, justement, « El Diablo » la garde aussi en mémoire. Un calvaire pour les trois Yamaha usine millésime 2020, toutes reléguées hors du top 10 (Viñales 11e, Rossi 12e, Quartararo 14e à 24’’3 de la KTM de l’intouchable régional de l’étape Miguel Oliveira). Douloureux tir groupé ! Seul Franco Morbidelli était alors parvenu à sauver l’honneur au guidon de la version 2019 (3e). Le 16 février dernier, au lendemain de la présentation de l’équipe Monster Yamaha Motogp, le nouveau pilote officiel avait clairement fixé les enjeux initiaux dans nos colonnes : « A Losail, ça va aller, on se battra devant, je ne suis pas inquiet. En revanche, la troisième échéance, au Portugal, je la regarde d’un autre oeil. Le circuit de Portimao présente un profil différent, moins favorable sur le papier. À nous de vite savoir résoudre les problèmes qui pourraient se présenter en trouvant des réglages corrects. Ça fait partie du job. » Si le gel de la réglementation technique en vigueur l’hiver dernier a considérablement limité les évolutions, chez Yamaha comme ailleurs, le travail accompli durant l’intersaison porte ses fruits, semble-t-il. Quartararo a notamment demandé à son staff d’oeuvrer sur le châssis afin de le rendre plus passe-partout. Celui-ci aimerait retrouver les sensations de sa première campagne en Motogp, avec un modèle 2019 qu’il exploitait à sa guise.
« Croisons les doigts pour que ce feeling perdure »
Au Qatar, l’agilité de la M1 fut un atout essentiel pour contrer les surpuissantes Ducati Desmosedici sur l’un de leurs terrains de prédilection.
« Cette piste nous a aidés à faire de bons dépassements. Je sentais beaucoup mieux le train avant. Je savais où était la limite et ça me donnait confiance. Croisons les doigts pour que ce feeling perdure lors des courses suivantes... » Et maintenant ? Le ruban d’asphalte plus sinueux et vallonné du circuit de l’algarve confirmera-t-il la tendance ? Après l’enchaînement de cinq jours d’essais hivernaux et deux semaines de Grand Prix sur le même tracé, au Moyen Orient, on est curieux de voir comment les uns et les autres vont gérer la transition. Tandis que Zarco peut légitimement espérer étendre sa série de podiums là où la Ducati Pramac de Jack Miller avait coupé la ligne d’arrivée en 2e position le 22 novembre dernier, Fabio Quartararo, lui, va passer au révélateur. Car nul doute que le verdict de ce juge de paix en dira beaucoup sur ses chances de décrocher le Graal en 2021.