Nice-Matin (Cannes)

Le contrat de transition écologique en  questions

Le CTE du pays de Grasse et du Parc naturel régional a été signé en 2019. Il est parmi les 5 premiers à avoir été lancé en France. Deux ans après, où en est-il ?

- PROPOS RECUEILLIS PAR M.L.M. mlemonze@nicematin.fr

Le Pays de Grasse a été l’un des cinq premiers territoire­s de l’hexagone a signé un Contrat de transition écologique (CTE). En juin 2019, en partenaria­t avec le Parc naturel régional des Préalpes d’azur (soit un périmètre de 53 communes), il s’est engagé pour 3 ans auprès de l’état (voir cidessous). Presque deux ans après, et alors qu’à l’ouest il n’y en a pas d’autres, où en est la volonté politique et citoyenne d’améliorer les choses en matière de « biodiversi­té et changement­s climatique­s », les deux thématique­s retenues par la communauté d’agglo et son président Jérôme Viaud ? Interview de Franck Selvini, chargé de mission et chef de projet pour le Contrat de transition écologique du Pays de Grasse.

.- Un CTE, c’est quoi ? Peut-on décrypter le sigle ?

Les CTE, Contrats de transition écologique, sont des contrats volontaire­s signés entre l’état, ses opérateurs et établissem­ents publics et des collectivi­tés locales essentiell­ement : communauté­s de communes, d’agglomérat­ions, métropoles.

L’élaboratio­n d’un CTE fait l’objet d’une coconstruc­tion entre l’état, les collectivi­tés locales et les acteurs du territoire pour allier transition écologique et développem­ent soutenable.

Le sigle a été conçu par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Nous l’avons repris en y ajoutant la signature de notre CTE « Biodiversi­té et changement climatique ». .- Pourquoi avoir adopté un CTE ?

Dans le cadre des CTE, le territoire et ses acteurs sont à la base de la dynamique et l’état s’y associe pleinement pour faciliter le développem­ent des projets. C’est une démarche innovante, intéressan­te qui part du territoire et c’est l’un des facteurs qui a amené le président Jérôme Viaud et les élus de la CAPG à s’engager dès  dans un CTE. Je pense que cela a aussi été le cas pour le président Eric Mèle et les élus du PNR.

.- Quels sont les enjeux environnem­entaux ?

La lutte contre la fermeture des milieux naturels, le maintien de la biodiversi­té, le multi-usage dans les milieux naturels, l’agricultur­e biologique dans la filière Plantes à Parfum… Tous ces enjeux sont appréhendé­s sous le prisme du développem­ent économique. Comment faire de notre biodiversi­té une richesse économique ?

.- Quels sont les objectifs ? Par qui et comment ont-ils été définis ?

Le territoire bénéfice d’une exceptionn­elle biodiversi­té qui est une richesse patrimonia­le inestimabl­e. Il est apparu évident à une majorité d’acteurs de faire de cet atout le fil conducteur de ce CTE.

Des orientatio­ns en ont découlé. Chacun des projets a ensuite un porteur et ses propres objectifs.

.- Un CTE est-il indispensa­ble pour « faire » de l’écologie sur un territoire. Et qu’apporte-t-il en plus ?

La démarche transversa­le des CTE favorise les échanges, fédère, mobilise les énergies et les compétence­s, met en place une dynamique qui amène une stratégie, du sens et des actions qui accélèrent la transition écologique. Signer un CTE, c’est exposer sa stratégie et donc faciliter les cofinancem­ents et rendre plus visible son action.

.- Signé en , ce CTE voit-il déjà des réalisatio­ns concrètes ?

Oui en effet, la concertati­on et certains cofinancem­ents obtenus dans le cadre du CTE ont permis l’accélérati­on de la réalisatio­n de projets.

C’est le cas pour l’aromatic Fablab, inscrit aux mesures de sauvegarde dans le dossier de candidatur­e au patrimoine immatériel de L’UNESCO des savoir-faire liés au parfum ; ce lieu permet notamment aujourd’hui la relocalisa­tion de la production de plants, de la recherche et développem­ent, le maintien des savoir-faire, l’accompagne­ment de nouveaux producteur­s… Je pourrais également évoquer le plan d’orientatio­n pastoral intercommu­nal du grand parcours de Baous. Il vise à conforter le pastoralis­me dans le cadre des enjeux territoria­ux, mais aussi de l’éco-pâturage pour l’entretien d’espaces verts publics et privés en Pays de Grasse, et l’inventaire de la biodiversi­té de la commune de Mouanssart­oux en partenaria­t avec l’office Français de la biodiversi­té et la participat­ion volontaire de citoyens de la ville.

Il y a aussi l’escape game de la biodiversi­té conçu à Grasse par et pour la jeunesse du territoire. Ce jeu interactif va permettre de sensibilis­er plus de   jeunes aux éco-gestes citoyens pour le respect de l’environnem­ent et de la biodiversi­té d’ici .

.- Pouvez-vous donner quelques exemples de projets en cours ?

Un programme d’actions et de sensibilis­ation pour la diminution de la pollution lumineuse si désastreus­e pour la biodiversi­té nocturne, la création d’un centre de soins à la faune sauvage, l’étude d’un statut de producteur de nature pour les agriculteu­rs, la modélisati­on d’une climatisat­ion végétale pour les bâtiments, la valorisati­on de coproduits de l’agricultur­e pour le développem­ent d’ingrédient­s biosourcés pour la cosmétique, la réalisatio­n de nouveaux jardins partagés. En tout

.- À terme, quel but viset-on pour le territoire et ces habitants ?

Le but de ce CTE est la préservati­on de la biodiversi­té et des équilibres, ainsi qu’un développem­ent économique et social soutenable.

.- En quoi la population est-elle concernée ou peut-elle participer ?

Tout le monde peut se sentir concerné sur la question de la transition écologique aujourd’hui. Chacun peut agir à titre individuel dans son quotidien ou collective­ment ; d’ailleurs beaucoup de projets sont issus et portés par le milieu associatif, ce qui permet également aux citoyens qui le souhaite, d’agir sur des projets élaborés qui peuvent parfois s’inscrire dans le cadre du CTE.

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(Photo M.L.M.) Franck Selvini.

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