JOURNÉE) / BORDEAUX - MONACO, DEMAIN H Master chefs
Plusieurs joueurs de l’effectif monégasque ont recours aux services de cuisiniers personnels, en lien avec le nutritionniste du club. Un vrai plus dans l’ascension des jeunes notamment.
Ce n’est plus un scoop mais une évidence. Devenir un footballeur qui compte ne se joue plus uniquement sur le pré. La préparation invisible est devenue tout aussi importante que la technique, l’endurance ou l’intelligence de jeu. A Monaco, ils sont nombreux à l’avoir compris. Cette saison, une dizaine de joueurs de l’effectif font appel à des chefs pour les accompagner dans le quotidien. En lien avec le nutritionniste de L’ASM Juan José Morillas, Mickaël Coston et Andy Bucceta sont des phares sur le plan nutritionnel. « On cuisine pour les joueurs deux fois par jour, essentiellement le midi et le soir, dévoile Mickaël Coston. Avec Juan, on adapte les repas aux carences des joueurs en fonction de prises de sang régulières. Je peux donc m’occuper de cinq joueurs un soir, mais ce ne sera pas forcément le même repas pour chacun. Tout est dosé, poussé. Avant la réception de Paris, on a joué au gramme près. On a même élaboré une boisson 100 % naturelle, à base de fruits et de légumes. Elle s’appelle ‘‘Spartiate’’. Elle régénère les cellules et permet la récupération musculaire grâce aux nitrates qu’elle contient. Elle agit en trente minutes et les joueurs en prennent depuis un an et demi. » « Je partage à Mickaël des exemples de menus et je suis un peu lourd avec les joueurs, plaisantait il y a un an dans nos colonnes Juan José Morillas. Je veux savoir ce qu’ils mangent (rires) et j’échange aussi avec leurs proches qui peuvent être amenés à cuisiner pour eux. Je passe mon temps à leur demander de m’envoyer la photo de leur repas. Certains aiment bien et me demandent mon avis. D’autres, je dois les relancer. »
Un apprentissage
Si les joueurs d’expérience ont un certain vécu en matière de nutrition, les plus jeunes, eux, ont besoin d’être encadrés. « Depuis quatre ans, j’ai bossé avec une vingtaine de joueurs à Monaco et ailleurs. On a checké les frigos et on a rééquilibré, revu certains points de leur nutrition », assure Mickaël, alias ‘‘chef à la casquette’’ comme le surnomment les joueurs. « Ils sont jeunes et c’est normal. Ils ne sont pas assistés non plus, mais on parle de gamins qui n’ont pas leurs parents à côté. Il y a un vrai manque d’apprentissage dans les centres de formation. Ils ne sont pas aiguillés. Vous prenez des céréales et pensez faire ce qu’il faut, mais elles sont parfois bourrées d’acides gras saturés. »
« On nous donne tous les codes nutritionnels pour savoir où trouver les glucides, les protéines, relate le milieu Youssouf Fofana, 22 ans. Ce sont souvent les jeunes qui font appel aux chefs, on prend exemple sur les anciens. Tout est organisé en fonction de l’entraînement qu’on a eu, de l’heure à laquelle on doit jouer le prochain match. »
« Il y a des tentations à droite à gauche. Bien sûr qu’il est difficile de bien faire la cuisine à nos âges, ajoute le milieu Eliot Matazo, 19 ans, qui grâce au chef a rééquilibré sa consommation de glucides. C’est la première fois que j’utilise un chef et ça me plaît bien. Je découvre de nouveaux plats et c’est vraiment pas mal. »
Alors que les jeunes footballeurs sont parfois jugés négligents sur la préparation invisible, il y a une vraie prise de conscience sur le Rocher. « Ce n’est pas à 22 ans que je vais en ressentir les bienfaits, mais je pourrai remercier les chefs dans six ou sept ans », lance Fofana.
« On met tous les atouts de notre côté pour faire des carrières longue durée. On apprend à être dans le monde du football professionnel », ajoute Matazo, attentif aux conseils.
« A Monaco, les joueurs sont à l’écoute, loue Mickaël. Bien sûr, des fois ils taquinent, essaient de gruger et d’élaborer leurs propres menus, mais on leur dit qu’ils rêvent (rires). J’insiste, ils ont soif d’apprendre. Ils sont vraiment disciplinés et bien éduqués, à l’opposé de l’image qu’on leur donne parfois. Ils ont compris, l’alimentation est la base. »
Un plus dans la cohésion de groupe
Cette attention particulière sur la nutrition ne rayonne pas seulement sur les individualités. Elle a aussi un impact sur le vestiaire et les résultats de l’équipe. «Çajoue sur leur mental, le stress. Ils se sentent mieux dans leur corps et donc mieux dans la tête », expose Mickaël.
Juan José Morillas et le chef ont réuni les joueurs sur un groupe Whatsapp. Et les échanges y sont animés. Ce qui booste la cohésion. « Ça aide la vie de groupe, c’est vrai, apprécie le milieu Aurélien Tchouaméni. Le matin, nos discussions sont axées sur les plats des chefs. ‘‘Tu as mangé quoi hier ? Moi je n’ai pas aimé ce plat etc...’’ Ça nous permet de rigoler. »
« En comparant leurs plats avec des photos, ils s’investissent d’autant plus dans la nutrition, estime Mickaël Coston. Ces petits jeux sont devenus importants dans le groupe. »
A l’heure du ramadan
Depuis cette semaine, le staff a encore accru le suivi des joueurs, alors que le ramadan s’est ouvert. « Dans cette période, j’interviens aussi le matin, en plus du midi et du soir », précise Mickaël.
« Je soutiens complètement ces joueurs. C’est leur religion, leurs habitudes, a confié l’entraîneur asémiste Niko Kovac, hier. Ils ont de l’expérience parce qu’ils ont déjà conjugué compétition et ramadan. On est attentifs avec le nutritionniste. Il n’y a pas de problème. Si on voit des difficultés chez certains, on réagira. » *A l’asm,badiashile,matsima,fofana,tchouaméni, Diop, Maripan, Matazo, Disasi ou Geubbels font appel aux chefs régulièrement cette saison. Ben Yedder, Gelson et Fabregas en ont besoin de temps en temps. Par le passé, Falcao ou Slimani étaient aussi suivis par Mickaël Coston.