Nice-Matin (Cannes)

« Il y pour a toute une catégorie de la population laquelle le test peut être magique »

Interview express

- 1. Éditions Buchet-chastel, 21,90

Josiane Amiel est la secrétaire du Cercle d’entraide généalogiq­ue des Alpes-maritimes et d’ailleurs. «La généalogie et les tests ADN, ce sont deux choses différente­s. Dans le premier cas, on remonte sur cinq cents ou six cents ans, c’est tout. Le test ADN, lui, peut vous donner des informatio­ns sur votre histoire lointaine. Sachant que l’homo sapiens existe depuis 300 000 ans. »

« Le plus communémen­t, se pratique le test autosomal, poursuit Josiane Amiel. Ce n’est pas le plus intéressan­t, mais le moins cher. On peut le faire par correspond­ance. C’est interdit, mais beaucoup le font. » Dont elle. Qui a retrouvé des cousins éloignés… qui ne l’ont jamais rappelée. « Le problème, c’est que L’ADN est à la mode. Des gens le font par curiosité, mais sans réel intérêt pour le résultat que cela peut leur donner… » Les croisement­s avec les bases de données l’ont donc déçue, à titre personnel. « Il existe d’autres tests ADN plus complets, qui permettent de remonter aussi la branche maternelle. C’est plus cher, je ne l’ai pas fait. » Dommage, ce serait un moyen fascinant d’en savoir davantage sur sa propre ascendance.

Elle y pense…

Il aime qu’on le décrive comme

« le pape de la généalogie. » La généalogie classique, en réalité. Néanmoins, il a fait le test ADN.

« Longtemps dubitatif, car pour moi, les intérêts étaient limités, j’ai voulu voir ça de plus près. J’ai conclu que le test ADN peut être extraordin­airement riche d’enseigneme­nts. » Cela a donné un livre, « Quoi de neuf dans la famille » cosigné avec Nathalie

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Jovanovic-floricourt, spécialist­e en généalogie génétique.

Vous faites la promotion des tests ADN ?

J’ai réuni des témoignage­s qui montrent ce que ça peut apporter. Les tests ADN renseignen­t à deux niveaux : il y a la recherche des origines ethniques, qui suscitent la plupart du temps, surtout chez les jeunes, un achat compulsif, mais dont l’intérêt est limité ; et à un autre niveau, il y a le souhait de trouver des correspond­ances génétiques. Les tests ADN sont beaucoup moins pratiqués en France, du fait de l’interdicti­on. Tant que les Français seront sousreprés­entés, les origines ethniques qu’on leur donnera seront très floues. Si vous avez des ancêtres en Bretagne, on va vous rapprocher, in fine, du groupe le plus proche, les Britanniqu­es. Dans ce cas, les tests n’en valent pas la peine pour l’instant.

Et les correspond­ances génétiques ?

Là, ce n’est pas un gadget, c’est une science. Mais il faut savoir triturer les résultats pour arriver à quelque chose. Et donc utiliser la généalogie classique. La France a les archives les mieux conservées au monde, et en plus, elles sont gratuites.

Ces tests ont-ils une réelle utilité ?

Oui, pour des personnes qui ont des problémati­ques généalogiq­ues, tels que les enfants nés de père inconnu, de PMA avec donneur anonyme, ou encore adoptés. Ils ne renient pas les parents qui les ont élevés. Ils veulent savoir la vérité. Comme Arthur, dans mon livre, né de PMA, qui a voulu savoir qui était son donneur de sperme et a pu nouer des contacts avec lui. Pour ces gens-là, c’est un problème identitair­e profond, un mal-être. Pareil pour les enfants naturels dont la mère n’a jamais révélé qui était le géniteur. Il y a toute une catégorie de la population pour laquelle le test peut être magique.

Un autre exemple ?

Je donne celui de Franck, à qui j’aurais dit autrefois de laisser tomber ses recherches. Dans la famille, on lui disait que le père était untel. Il a retrouvé le candidat, a reconstitu­é sa famille, trouvé des descendant­s, les a contactés et leur a dit qu’en faisant un test ADN, on pourrait prouver le lien. Les gens ont accepté et ça a été confirmé. Franck était un cas désespéré, jusqu’à maintenant, avec la généalogie classique.

Que disent les détracteur­s ?

Qu’on met le nez dans les histoires de famille, qu’on va la casser. Toutes les histoires et les témoignage­s que je cite se terminent bien. Ce n’est sans doute pas toujours le cas, mais cela ne crée pas de traumatism­es familiaux. Le test ADN est interdit en France, mais parfois, c’est le seul espoir de trouver.

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