Marie : « Les gens sont passionnés par les secrets »
Marie est présidente du Cercle généalogique 83, le Cgenea, à Saint-raphaël. Depuis 1984, elle collecte tous les actes possibles pour rallonger son arbre généalogique : actes et contrats de mariage, actes de naissance, compromis sur les héritages ou les dots, testaments, etc. « Je suis remontée jusqu’à Charlemagne et Pépin le Bref. Par les actes, je descends du roi Saintlouis. Mais un Français sur dix descend de lui. »
Et puis en 2018, elle décide de faire le test ADN, avec la société californienne 23andme. Elle apprend qu’elle a, entre autres, 52 % d’origines sud européennes dont 31 % d’espagne et du Portugal, 5 % de Sardaigne, autant d’italie-sicile. Mais elle a aussi 46 % d’origines nord européennes, dont 36 % d’allemagne et de France, et 0,5 % d’origines juives ashkénazes.
« Sur le coup, ça a été une surprise, ces 0,5 %. Cela fait des siècles que ma famille est de la région. Puis, en regardant ma généalogie, j’ai retrouvé la trace de ces ancêtres au XVIE siècle. Avec ce test, je confirme L’ADN, qui me relie à eux et à mes autres ancêtres. »
Enfant abandonné au XIXE siècle
Née à Nice, d’un père originaire de la Haute-tinée, d’une mère toulonnaise mais dont la famille était de Seillans, elle n’aurait jamais su, sans le test ADN, que ses origines géographiques étaient aussi variées.
Elle ne désespère pas de se découvrir de nouveaux cousins. Elle guette leur signal. « Quand on remonte au XVIE siècle, on est pratiquement tous cousins. Mon mari et moi, nous le sommes. » Elle a également incité ce dernier, Roland, à faire le test, après avoir garni son arbre généalogique sur la base de document tels l’état civil. « J’ai découvert qu’il y a eu un enfant abandonné dans sa famille au XIXE siècle. J’ai même retrouvé aux archives départementales les factures de la nourrice qui l’avait accueilli. » Elle aimerait qu’un cousin issu de cet enfant la contacte. « Ce serait un challenge, mais faut pas rêver ! »
Pour retrouver d’autres cousins, il faudrait surtout qu’eux aussi fassent le test interdit. Et qu’en cas de correspondance, ils acceptent de communiquer avec Marie et Roland. « À la dixième génération, on estime que chaque individu a environ 1 064 ancêtres. » Cela fait des cousins potentiels en nombre.
« Le test ADN permet de lever des interrogations sur la famille, de découvrir des branches inconnues, de trouver des anecdotes, mais pas de constituer un arbre généalogique. »
L’imaginaire peut prendre une grande place quand on songe aux lignées qui ont précédé. On se prend à rêver à des destins hors normes. « En fait, je crois que les gens sont passionnés par les secrets. Ils pensent qu’on leur a caché des choses. Il ne faut pas avoir peur des surprises.
Ils espèrent une vie pas ordinaire pour leurs ancêtres. » Ce n’est pas à cela que songe Marie. « Ce qui m’intéresse, c’est la vie de tous les jours de mes ancêtres : leur travail, leurs relations, etc. » Et également de laisser à ses trois enfants le maximum d’informations. À 68 ans, la présidente du cercle généalogique 83 est une femme moderne et confiante, qui vit avec son temps. « Pourquoi ne pourraiton pas connaître nos ancêtres, comme dans la majorité des pays européens ? Je pense que la loi devrait être adoptée, sinon c’est une restriction de nos libertés. »