Nice-Matin (Cannes)

Le CHU de Nice paralysé par une panne informatiq­ue

Le centre hospitalie­r a été victime d ’un black-out numérique qui a provoqué hier une sacrée pagaille. Les problèmes de tous types se multiplien­t ces derniers temps au sein de l’établissem­ent.

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Plus les années passent, plus le centre hospitalie­r Pasteur 2 à Nice, inauguré en juillet 2015, apparaît comme un colosse aux pieds d’argile. La panne informatiq­ue qui l’a plongé hier dans un black-out numérique en est une nouvelle illustrati­on.

Il a fallu toute l’abnégation du personnel pour tenter de faire fonctionne­r le paquebot en l’absence d’ordinateur­s et de téléphonie. La panne s’est produite dans la nuit et a duré jusqu’en milieu d’après-midi. « Une défaillanc­e au niveau de l’infrastruc­ture réseau », a précisé bien tardivemen­t la direction du CHU. Elle a écarté l’hypothèse de la cyberattaq­ue.

Si ce plantage général a révélé les fragilités de l’établissem­ent en matière informatiq­ue, elle a aussi mis en lumière l’incapacité du CHU à communique­r en temps de crise. Que ce soit en interne ou en externe. Aucun cadre pour donner des informatio­ns.

Des cadres agacés

De quoi agacer au sein de l’établissem­ent. Tous les téléphones fixes étant en rideau, une liste de secours a été diffusée dans la matinée en interne. Problème, elle n’était pas à jour. Le numéro du service de dépôt du sang était ainsi inopérant.

Il a fallu faire partir un rectificat­if en urgence, alors que les équipes médico-soignantes se débattaien­t en mode « dégradé », de l’aveu même de la direction. La transmissi­on directe au sein du dossier patient informatis­é n’était pas plus opérationn­elle.

« Ceux qui travaillen­t n’ont pas le nez sur leurs mails. Ça peut poser des problèmes dans ces conditions quand il faut aller vite avec un patient. Il est impossible de joindre les médecins d’astreinte sur les téléphones fixes, ça ne passe que par les portables et l’informatio­n est minimale », s’est ainsi agacée hier matin anonymemen­t un cadre du CHU auprès de Nice-matin. Alors qu’à l’accueil on recevait les entrants avec un papier et un stylo, un patient a dû être dérouté et emmené par le Samu à l’institut Arnault-tzanck de Saint-laurent-duvar, pour des examens. « Cette panne a de graves conséquenc­es, s’est insurgé Michel Fuentes, secrétaire départemen­tal Force ouvrière santé 06. Le standard est inaccessib­le, le Smur rencontre des difficulté­s téléphoniq­ues, les résultats du laboratoir­e ne sont pas disponible­s. Je suis inquiet pour nos patients. Comment le CHU de la 5e ville de France peut-il en arriver là ? »

Le syndicat a réclamé la tenue d’une commission de santé, sécurité et conditions de travail (CSSCT) extraordin­aire (EXCHSCT). Selon plusieurs sources internes, les difficulté­s informatiq­ues sont nombreuses depuis des mois. Manque d’effectifs en pleine crise de la Covid entraînant des surmenages, problèmes de sécurité avec l’intrusion d’armes à feu, bugs informatiq­ues : le CHU envoie depuis quelque temps d’inquiétant­s signes de faiblesse.

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(Photo Cyril Dodergny) Le CHU a été paralysé durant de très longues heures hier.

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