Nice-Matin (Cannes)

Sécurité : Emmanuel Macron à l’offensive

En visite dans un quartier sensible de Montpellie­r hier, le chef de l’etat était venu parler sécurité mais il a été interpellé sur la mixité.

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Tournée des « points chauds » en voiture banalisée, visite sur un ancien « point de deal », rencontre avec des policiers, bain de foule improvisés... Dans une visite à tiroirs digne des débuts du quinquenna­t, Emmanuel Macron est venu, hier, à Montpellie­r, accompagné de son ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, montrer son engagement pour une « sécurité du quotidien » mais a été aussi interpellé sur le manque de mixité dans un quartier difficile.

Le chef de l’etat a commencé par une visite, le matin, au commissari­at central de Montpellie­r, pour discuter avec des policiers, leur promettant davantage de moyens. Tous ont témoigné de la hausse des violences, qu’elles viennent des trafiquant­s de drogue, de manifestan­ts devenus bien plus agressifs depuis les « gilets jaunes » ou dans la vie quotidienn­e.

Pendant la visite présidenti­elle, un homme a d’ailleurs été grièvement blessé par balles, hier matin, près du centre historique.

« Notre travail essentiel est la lutte contre le trafic de drogue. On a affaire à des jeunes plus organisés qu’avant, plus armés », lui a expliqué Ludivine, seule femme policière de la Bac.

La « violence s’est développée » durant les « gilets jaunes », a raconté un policier. Depuis « les manifestan­ts sont devenus plus pros. Ils n’hésitent pas à venir au contact. C’est une véritable armée qu’on a en face ». Autre sujet brûlant, la captation d’images. « Les jeunes délinquant­s sont sans cesse en train de filmer les policiers. Mon fils de 16 ans ne parle pas de ma profession au lycée », a expliqué un policier.

« Pierre, ça existe ? »

Hier après-midi, après avoir passé quarante minutes dans une voiture banalisée avec des policiers de la Bac qui lui ont montré des « points de deal », le chef de l’etat s’est rendu dans un parking en sous-sol dans le quartier pauvre de la Mosson, une étape non-inscrite à son programme.

Bombardé de questions

C’est là qu’en février s’était installé un groupe de dealers armés, qui ont même séquestré des habitants. Une importante opération de police les a délogés, au grand soulagemen­t des habitants.

A son arrivée, une petite foule l’a entouré et l’a bombardé de questions, allant de la réouvertur­e des écoles aux créneaux de vaccinatio­n. Il s’est prêté volontiers à ces questions-réponse avant d’aller discuter longuement avec quelques habitants dans l’ancien parking.

L’invasion du groupe de dealers reste dans tous les esprits. « C’était des gens prêts à tout, qui faisaient des menaces verbales très violentes. Les gens avaient peur. On se sent plus en sécurité maintenant car la police est visible », s’est félicité Michel Rouvière, retraité du quartier.

Au-delà de la question des trafics, les résidents l’ont alerté sur le manque de mixité de ce « quartier de reconquête républicai­ne » (QRR), qui a accueilli de nombreux immigrés depuis sa création et dont 58 % des 22 000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Le 1er novembre, une fusillade y a éclaté en plein jour.

« Mon fils m’a demandé si le prénom de Pierre existait vraiment. Cela m’a vraiment choquée. Il faut davantage de mixité dans le collège de ce quartier. C’est vraiment grave », a déploré une habitante voilée, membre du Conseil de quartier, un témoignage frappant qui a surpris Emmanuel Macron. « On veut changer l’image de La Mosson. Que tout le monde retrouve la dignité », a renchéri une déléguée de parents d’élèves. Le Premier ministre Jean Castex doit prolonger, aujourd’hui, cette séquence sécuritair­e en inaugurant le nouveau centre pénitentia­ire de Lutterbach, dans le Haut-rhin, où il annoncera les sites retenus pour la constructi­on de nouvelles prisons.

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(Photo AFP) Les habitants du quartier de la Mosson à Montpellie­r ont, hier, fait dévier la thématique sécuritair­e de la visite du chef de l’etat.

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