LUTTE L’interminable attente
Condamné à quatre ans de suspension en juillet dernier, après un contrôle positif lors des Mondiaux , le Niçois Zelimkhan Khadjiev attend la sentence du Tribunal arbitral du sport.
Zelimkhan Khadjiev est bloqué en salle d’attente. Depuis son contrôle positif à la trimétazidine, lors des Mondiaux 2019 qu’il a bouclés avec une médaille de bronze qui lui a été retirée depuis, le Niçois espère la clémence des instances. Condamné à quatre ans de suspension le 6 juillet 2020 par la chambre disciplinaire de la Fédération internationale (World Wrestling), sanction dont il a fait appel, le lutteur de 26 ans jure qu’il n’a jamais cherché à se doper. S’il a pris du Vastarel (dont la trimétazidine est le principe actif), il l’a fait pas inadvertance. Il aurait suivi les conseils d’un chargé de mission de la Fédération française de lutte (FFLDA) pour soulager des douleurs aux jambes et des problèmes de circulation sanguine. Le médicament lui aurait été vendu sans ordonnance, par une pharmacie près de l’insep où il s’entraînait à Paris, et il plaide le concours de circonstances.
La Fédération française l’a-t-elle soutenu ?
Autant d’arguments que le lutteur d’origine tchétchène a mis en avant lors d’une audience d’appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), le 29 mars dernier. L’azuréen de 26 ans et sa défense, incarnée par Me Boedels, attendent désormais une sentence qui se fait désirer. Attendue depuis quinze jours, elle n’est toujours pas tombée. Khadjiev sera-t-il blanchi ? Restera-t-il suspendu quatre ans ou verra-t-il sa peine réduite à deux ans ? Autant de questions qui se bousculent dans la tête du champion du monde Juniors (2014) et double médaillé européen (argent en 2018 et 2019). « J’ai soutenu que la classification de la trimétazidine comme produit dopant (il y a sept ans, NDLR) n’a jamais été précédée d’une étude. Ça a été fait à l’intuition, expose Me Boedels, qui s’est entouré du docteur De Mondenard et du pharmacologue Pascal Kintz, experts du dopage et des produits dopants. J’ai aussi soulevé qu’il avait été escorté par une femme lors de son contrôle. Or, on ne peut pas diligenter un contrôle avec l’assistance d’une personne qui est du sexe opposé à celui du sportif. Renaud Lavillenie avait réussi à faire annuler un contrôle à cause de ça. »
« Je m’attends à une sentence mi-figue, mi-raisin» , reprend l’avocat, qui craint une sanction et de ne pas être suivi dans sa demande «de nullité du contrôle. »
Ses inquiétudes, il les fonde sur l’attitude de la Fédération française de lutte. «Zelim a l’impression d’avoir été trahi. Nous n’avons pas reçu l’assistance que nous étions en droit d’espérer de sa part. Elle n’a pas souhaité me donner l’enregistrement de l’audience d’appel que je souhaitais diffuser à la presse. C’est une censure. Son président (Lionel Lacaze) ades ambitions auprès de la Fédération internationale. »
Sous-entendu, le président, qui ne fera qu’un mandat à la FFLDA, ne voudrait pas brouiller son image auprès de World Wrestling.
Lacaze : « On croise les doigts pour lui »
Pointé du doigt, Lacaze, élu en décembre et qui a supervisé le dossier en cours de route, répond. « On a insisté auprès du TAS sur l’exemplarité de Zelim tout au long de sa carrière et l’indulgence qui doit en découler, expose l’ex-lutteur. Aujourd’hui, on croise les doigts pour lui. Le comité directeur de la Fédération a fait le choix de ne pas suivre une partie de sa défense. Celle qui consiste à s’attaquer frontalement aux instances. On n’a pas vocation à porter ce débat-là, mais c’est un pari audacieux, un combat de longue haleine que l’on respecte. On est en train de faire un vrai retour d’expérience après ce qu’il s’est passé. Ça n’avait pas été fait et cette histoire a été traumatisante. La Fédération se sent responsable après ce contrôle. Concernant la représentation internationale et notamment la mienne, l’équipe dirigeante qui est en place a déjà tout eu à ce niveau. On est donc plutôt tranquilles avec ça. »
Selon la sentence prononcée par le TAS, Me Boedels fait déjà savoir qu’il fera appel devant le Tribunal Fédéral de Lausanne (Suisse). Avant, peut-être, de saisir la Cour européenne des droits de l’homme.