« Sans AZ, l’objectif de % de vaccinés d’ici septembre ne sera pas atteint »
La messe est dite. Le vaccin Astrazeneca (AZ) ne trouve plus preneur. En témoigne le malheureux fiasco de samedi dernier au palais des expositions de Nice, transformé en gigantesque vaccinodrome : dans le cadre de la vaste opération de vaccination, doses étaient prévues, ils sont moins de candidats à s’être présentés. Cette situation met-elle en danger la stratégie vaccinale de la France, alors que le pays dispose aujourd’hui du plus gros stock de vaccins Astrazeneca parmi tous les États membres de l’union européenne ? Le Pr Pierre Marty, responsable du centre de vaccination de l’hôpital l’archet à Nice et le Pr Sylvia Bensaken, immunologiste au CHU de Nice, répondent.
Quels risques le « boycott » D’AZ risque-t-il de faire courir aux Français ?
L’objectif est qu’au moins % de la population française soit vaccinée d’ici septembre. Sans le vaccin AZ, on ne l’atteindra pas. Nous ne disposerons pas de doses suffisantes de vaccins à ARN (Pfizer Biontech et Moderna) pour couvrir les besoins.
Pourquoi cette cible de % ?
Sans ce niveau de protection collective, le virus continue de se multiplier, et ainsi de muter. Et si aujourd’hui, tous les vaccins sur le marché nous permettent d’être protégés contre les souches qui circulent, il y a une vraie course de vitesse entre vaccination et virus ; l’efficacité pourrait diminuer face à de nouveaux mutants.
Quels arguments pour apaiser les peurs vis-à-vis du vaccin AZ ?
Les incidents sont rarissimes, et on ne cesse de progresser dans les connaissances. On a observé par exemple que dans le cas du vaccin Johnson & Johnson, qui utilise la même technologie qu’astrazeneca, tous les incidents graves (huit cas de thrombose sur près de millions de doses) étaient survenus chez des femmes de moins de ans.
Un mot à destination de ceux qui ont reçu il y a plusieurs semaines une première dose de vaccin AZ et appréhendent à la fois les effets indésirables et une prochaine deuxième injection avec AZ ?
Les incidents thrombotiques surviennent dans les à jours suivant l’injection. Pour ce qui concerne la deuxième dose : les moins de ans, vaccinés avec Astrazeneca, recevront une deuxième dose Pfizer ou autre vaccin ARN dans un délai fixé à semaines par rapport à la première injection (et non plus semaines, l’efficacité du vaccin AZ ayant été démontrée supérieure en respectant ce délai plus long). Ce sera aussi le cas de tout le personnel soignant, quel que soit l’âge, vacciné à l’hôpital, puisque nous ne disposons pas D’AZ, réservé à la ville.
Une première dose avec un vaccin à adénovirus, comme AZ, et un rappel avec un vaccin à ARN comme Pfizer. C’est pour le moins inhabituel, voire inédit. Que sait-on de l’efficacité d’un rappel « hétérologue » ?
Les études chez la souris, qui est toujours le modèle utilisé pour étudier le système immunitaire humain, montrent que l’efficacité de la vaccination est encore plus élevée en cas de « prime boost hétérologue » (terme anglo saxon pour désigner cette situation). Les études chez l’homme sont en cours.
La population de plus de ans vaccinée par AZ hors des murs des hôpitaux s’interroge : elle devrait, elle, recevoir un rappel AZ, mais certains évoquent déjà la possibilité de s’en tenir à la seule première dose ?
Une étude anglaise menée sur plus de millions de personnes, non encore publiée, questionne en effet l’utilité d’un rappel pour AZ, plus de % de la population vaccinée présentant des anticorps protecteurs quelques semaines après la première injection. Plusieurs spécialistes sont convaincus qu’une dose peut suffire… Mais combien de temps l’immunité durera-t-elle ?
La perte de confiance du public est en partie associée à toutes ces informations parfois contradictoires qui lui parviennent, et aussi à la diversité des politiques nationales en termes de vaccination...
Moins d’un an s’est écoulé entre la découverte du virus et la production des vaccins. C’est un miracle scientifique et sociétal. On continue d’apprendre, tout en surveillant de façon très rapprochée des effets de ces vaccins.
PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN
‘‘On ne cesse de progresser dans les connaissances”