Nice-Matin (Cannes)

Toulon :  ans de réclusion pour le père meurtrier

La cour d’assises a suivi les réquisitio­ns de l’avocat général en condamnant Bruno Engler à 25 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son épouse le 25 décembre 2017

- V. W.

Comme il a débuté son procès lundi dernier, Bruno Engler l’a terminé hier par des excuses. Mais au contraire de sa première prise de parole, ses derniers mots à la cour d’assises ont paru plus authentiqu­es.

Plus ancrés dans la réalité. Sans toutefois parvenir à enlever la moindre once de peine à ses enfants, celui qui fut le bourreau de leur mère le 25 décembre 2017 à Toulon (lire nos précédente­s éditions) a effectué un timide pas sur le chemin de la rédemption. « J’ai longtemps été dans le déni le plus complet, a-t-il fini par concéder. Ce que j’ai fait est monstrueux, j’étais quelqu’un d’horrible. Dorothée n’était pas sale et méchante, c’est moi qui l’étais...»

Reconnu coupable de meurtre aggravé, car commis sur conjoint, Bruno Engler a été condamné par la cour d’assises du Var à 25 années de réclusion criminelle. En outre il s’est vu retirer l’autorité parentale de ses deux enfants encore mineurs.

« Une femme n’est pas une chose »

Cette sentence vient sanctionne­r un acte effroyable, mais derrière

Un jeune homme retrouvé mort sur un sentier à Saint-raphaël

lequel se tient – Me Cécile Gondran a tenu à le souligner pendant sa plaidoirie – un « être humain » fait tout autant « d’amour » que de « souffrance ».

Une mission aussi difficile que périlleuse pour l’avocate tant les faits tendent à dessiner le portrait d’un homme animé, comme l’a relevé le ministère public, par la « seule profondeur de sa douleur, qui n’a d’égale que celle de son nombril ». « Une femme n’est pas une chose, était presque contraint de rappeler Me Thierry Fradet, au nom des parties civiles. Le désir se crée, s’entretient, se mérite. Comment voulez-vous provoquer ce sentiment chez quelqu’un que vous dénigrez sans cesse ? »

« La vérité ne l’intéressai­t pas »

« Amoureux de son propre sentiment amoureux », Bruno Engler s’est trop longtemps caché derrière les stupéfiant­s et son alternativ­e à la réalité pour se dédouaner. « Alors, un peu comme dans L’étranger d’albert Camus, la gâchette a cédé, relève l’avocat général Thibault Appert. Ici, c’est le couteau qui est rentré tout seul, comme dans du beurre...»

Chez l’ancien militaire, le fait que son épouse ne l’a jamais trompé importait peu. « La vérité ne l’intéressai­t pas, il voulait seulement une confirmati­on de sa propre constructi­on mentale. »

Une réalité où Dorothée Blondel, victime d’une improbable maladie « chromosomi­que », couchait avec tous les hommes de son entourage.

Dès lors, plus rien n’existait. Pas même ses trois enfants. Témoins bien involontai­res des violences verbales de leur père, et même blessés pour deux d’entre eux par la dague et le couteau qui ont servi à tuer leur mère, ils ont été relégués en arrière-plan dans la réalité obsessionn­elle de Bruno Engler. Voire utilisés comme instrument de sa perversion quand il demandera, au moment de la clôture de l’instructio­n, des tests ADN pour s’assurer de sa paternité...

Tout entier tourné à nourrir ses propres démons, Bruno Engler avait-il conscience qu’il en était devenu un ? Son retour à la réalité a en tout cas été fracassant. Avec des répercussi­ons qui dureront plusieurs vies.

EN BREF

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