Nice-Matin (Cannes)

Le préfet avec les agriculteu­rs sinistrés par le gel

Evence Richard s’est rendu hier à Roquebrune­sur-argens où il a écouté la détresse des profession­nels. Il a assuré que l’état serait à leurs côtés pour faire face aux conséquenc­es.

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Les pieds dans la boue après les pluies du matin, le préfet du Var, Evence Richard et le directeur de la DDTM (1), David Barjon, ont accompagné hier aprèsmidi les agriculteu­rs sur les parcelles ayant subi le gel entre les 6 et 8 avril à Roquebrune-sur-argens (2).

Dans la troisième plaine la plus fertile d’europe, ils ont découvert un paysage de désolation. La « petite Sibérie » comme l’appellent les habitants, est le coin le plus froid du quartier du Fournel. Les températur­es négatives y ont fait des dégâts visibles à l’oeil nu. Des vignes, encore vertes il y a quinze jours, sont grises. Les pêchers un peu plus loin n’ont plus ni fleurs ni fruits.

La récolte de l’année est compromise

« Nous sommes sur l’exploitati­on d’un jeune, Jérôme Aune, qui s’est installé grâce à la cave coopérativ­e. Il a 15 ans pour rembourser, il a subi les inondation­s en 2019, le gel en 2020 et maintenant 2021, donc déjà des récoltes perdues avant d’avoir commencé à le faire » a expliqué Sébastien Perrin, secrétaire général de la chambre d’agricultur­e. Montrant les bourgeons qui n’ont pas repris et ne reprendron­t pas, Matthieu De Wulf, vigneron représenta­nt le syndicat des Côtes de Provence, a souligné que la récolte de l’année est compromise mais que les viticulteu­rs auront une surcharge de travail : « Il va falloir tailler, débourgeon­ner d’une façon plus compliquée, avec une main-d’oeuvre de plus en plus difficile à trouver. Il y aura des contre-bourgeons qui sortiront ou pas, mais ils sont beaucoup moins fructifère­s. Sur l’ensemble de l’appellatio­n, c’est au moins 35 % de pertes sur 6 000 hectares recensés ». Laurent Rougon, président de la fédération des caves coopérativ­es a également souligné le caractère « historique » dans le Var d’une deuxième année de gel consécutiv­e. Quelques centaines de mètres plus loin, Olivier Ciamous, du Gaec La Vernède, a montré son verger de pêchers dévasté.

Le risque de perdre des marchés

Les fleurs et les premiers fruits ont grillé. Ayant déjà vécu un gel similaire, il estime sa perte de récolte à 99 %. Ses melons ont pris un énorme retard et ils vont tous arriver à maturité au même moment. Un drame pour le créateur du marché des producteur­s de la Grande Bastide, qui commercial­ise toute sa production maraîchère et fruitière en vente directe, avec d’autres agriculteu­rs.

Une angoisse supplément­aire étreint ceux qui ont, comme lui, ont misé sur le circuit court, un marché en plein développem­ent, et dopé par le confinemen­t. « Ce sont les fruits, les fraises, melons, pêches et les tomates, qui attirent la clientèle, a souligné Sébastien Perrin. Sans ces produits, soit on déçoit nos clients, soit on se fait dépanner par d’autres agriculteu­rs. Mais toute la France a gelé. On fait comment ? On risque de perdre nos clients qui vont aller dans les grandes surfaces. Et toutes les autres production­s vendues au marché des producteur­s vont en subir le contrecoup ». Olivier Ciamous ajoute : «Onnevapas aller chercher des fruits étrangers pour les vendre, c’est contre notre raison d’être ».

La présidente de la Chambre d’agricultur­e du Var a insisté plus généraleme­nt sur les mesures financière­s pour sauver les trésorerie­s des entreprise­s agricoles en général : « Suite au gel, on a eu des annonces du Premier ministre, a indiqué Fabienne Joly, mais l’argent ne va pas dans la poche des agriculteu­rs. Il faut un réel accompagne­ment, et aussi des annulation­s de charges, pas seulement des reports qui s’ajoutent à d’autres reports ».

Le préfet du Var lui a apporté un début de réponse (lire cicontre) en précisant certaines décisions nouvelles prises au sommet de l’état. Cela sera-t-il suffisant pour apaiser une profession, durement éprouvée, qui attend beaucoup ?

1. Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer.

2. En présence de Jean Cayron, maire de Roquebrune-sur-argens, des députés Sereine Mauborgne et Philippe Michelklei­sbauer, des conseiller­s départemen­taux François Cavallier et Josette Mimouni, des représenta­nts des syndicats agricoles du départemen­t (Sylvain Audemard pour la FDSEA, Patrick Pesenti pour la Confédérat­ion paysanne, Max Bauer pour la coordinati­on rurale), etc.

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(Photos Clément Tiberghien) Les viticulteu­rs ont rappelé à Evence Richard, préfet du Var, qu’ils ont subi le gel pour la seconde année consécutiv­e.

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