Nice-Matin (Cannes)

Procès des  policiers de la « Bac Nord » à Marseille : « on n’a jamais été des ripoux »

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« On n’a jamais été des “ripoux”, on nous a traînés dans la boue » : les débats au procès des 18 ex-policiers de la Bac Nord se sont achevés, hier, sur les protestati­ons d’innocence des prévenus, à la veille du jugement attendu, aujourd’hui, à 16 h 30.

Invités à prendre la parole après les plaidoirie­s de leurs avocats, les policiers poursuivis pour avoir volé des stupéfiant­s, de l’argent ou des cigarettes de contreband­e à des dealers ou revendeurs des cités, ont seulement reconnu des « manquement­s administra­tifs ». Evoquant « beaucoup de souffrance­s pour les collègues, les familles, les enfants », Jean Fiorenti, ex-chef de groupe, s’est dit « marqué à vie par cette affaire » : « On essaie de se reconstrui­re tant bien que mal, [...] j’espère qu’on ne va pas nous remettre la tête sous l’eau. »

« Malgré ce qui a été dit sur notre intégrité, je voulais montrer qu’on a pu se tromper sur nous », a expliqué Yann Cabrol, pour justifier son retour à la Bac Nord depuis les faits vieux de neuf ans. Désormais infirmier à la prison des Baumettes, après sa révocation de la police nationale comme deux de ses collègues, Régis Dutto était en détention provisoire quand il a entendu Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur, dire que ces policiers de la Bac Nord avaient « sali l’uniforme ». « On n’a jamais trahi ni l’uniforme, ni l’institutio­n », a-t-il martelé, « soulagé par les (derniers) propos du procureur ».

« De vrais bons policiers »

Appelé à prendre position sur la demande unanime des avocats de noninscrip­tion d’éventuelle­s condamnati­ons au bulletin numéro 2 du casier judiciaire, le procureur de la République adjoint André Ribes ne s’y est pas opposé:« Après neuf ans au service des autres, à ne commettre aucune faute et à avoir fait preuve d’abnégation, je n’ai aucun doute qu’ils [...] seraient prêts à se sacrifier pour me défendre. Même si j’ai requis contre eux. » Lundi, évoquant de « vrais bons policiers » qui ont cependant abîmé l’image de la police, M. Ribes avait réclamé la condamnati­on des 18 prévenus, demandant des peines d’un an de prison avec sursis à trois ans de prison dont six mois fermes.

En clôture des plaidoirie­s hier, la défense avait demandé la relaxe des quatre policiers accusés par un dealer de lui avoir dérobé 9 000 € lors de son interpella­tion, le 31 août 2012 dans une cité de Marseille, alors qu’il transporta­it un kilo de cannabis. Seule victime déclarée, celui-ci s’est constitué partie civile mais ne s’est pas présenté à l’audience. Rejetant des « accusation­s mensongère­s », Me Laurent Bartoloméi, défenseur d’un des quatre policiers présents sur cette opération, s’est étonné qu’on puisse accorder « un quelconque crédit » à ce trafiquant qui aurait d’abord tenté de corrompre les policiers en leur proposant la moitié des quelque 30 000 € qu’il avait avec lui, officielle­ment pour acheter une voiture en Allemagne.

« Il n’a pas réussi à les corrompre alors, s’est-il dit, “je vais les mettre dedans, je vais les emmerder” », a insisté Me Virgile Reynaud, avocat des trois autres policiers en cause dans cette interpella­tion.

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