Procès de Viry-châtillon : le garde des Sceaux défend l’avocat général
Des élus de droite et extrême droite s’étaient indignés de propos imputés au représentant du parquet sur les accusés qualifiés de « richesse » pour la France. Eric Dupond-moretti et la procureure générale de Paris montent au créneau
Le garde des Sceaux, Eric Dupond-moretti, a pris, hier, la défense de l’avocat général ayant requis au procès en appel de l’attaque de policiers à Viry-châtillon en 2016, mis en cause par certains à droite et à l’extrême droite pour des propos qu’il aurait tenus à huis clos.
Me Thibault de Montbrial, avocat d’une policière victime et partie civile au procès, avait assuré dimanche au journal Le Figaro : « L’un des deux avocats généraux a conclu ses réquisitions en déclarant à l’intention des accusés qu’ils avaient selon lui “de l’empathie”, et qu’ils constituaient à ses yeux “une richesse pour le pays” ».
Les propos de Me de Montbrial ont suscité depuis de nombreux commentaires. « Un procureur
ne peut pas dire à des criminels qui voulaient brûler vif des policiers qu’ils sont “une chance pour la France”, avait tweeté, mardi, la présidente ex-lr de la région Ile-de-france, Valérie Pécresse, potentielle candidate de la droite à l’élection présidentielle de 2022.
Une phrase « dénaturée » selon le garde des Sceaux
« L’avocat général qui est directement sous les ordres du ministre de la Justice, M. Dupond-moretti, a commencé son réquisitoire en disant à ces jeunes-là : “Vous êtes une richesse pour la société” », a vait aussi réagi la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, mardi sur RTL, ajoutant : « Je remets en cause les instructions qui sont données par M. Dupond-moretti. »
Éric Dupond-moretti a répondu, hier matin, à la polémique en défendant le magistrat, dont il a rapporté les paroles, au micro de RTL. « Voilà ce qu’il dit aux accusés :
“Assumer ses actes et devenir un homme. Pour ce faire, il s’agira de briser la loi du silence, [...] en dialoguant, en échangeant, en parlant non pas pour propager des rumeurs ou parler seulement entre vous, mais [...] avec tous les citoyens venus d’horizons différents qui font la richesse de notre pays, dont vous êtes, ne vous en déplaise, aussi les enfants” », a-t-il lu. Le ministre a estimé que la phrase commentée, « extraite » d’un « réquisitoire de sept heures », avait été « dénaturée ». «Je sais que [cette phrase] a été prononcée », a-t-il insisté. L’entourage du ministre a indiqué qu’il avait «demandé à se faire communiquer une partie du réquisitoire ».
Le ministre a également répondu à la présidente du Rassemblement national, rappelant qu’il « n’est pas possible de donner des directives individuelles à des magistrats ». « Marine Le Pen devrait le savoir », a-til ajouté, en souhaitant ironiquement à l’intéressée de « reprendre des études de droit, voyez en 2022 je pense qu’elle aura du temps » ,at-il dit à propos de l’avocate de formation, candidate à la prochaine élection présidentielle.