Nice-Matin (Cannes)

Thierry Mariani (RN) : « Pourquoi je suis candidat »

L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy va tenter de faire basculer la région Paca dans le giron du Rassemblem­ent national. Un « tour de chauffe » pour la présidenti­elle de 2022.

- PROPOS RECUEILLIS PAR LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

Thierry Mariani a choisi d’officialis­er sa candidatur­e aux élections régionales à Aixen-provence, ville de ses premières amours politiques. C’était en 1976. À peine sorti du lycée militaire, il adhérait au RPR. Quarante-trois ans plus tard, celui qui fut ministre des Transports de Nicolas Sarkozy rejoignait le RN de Marine Le Pen. Il portera l’oriflamme, les 20 et 27 juin prochains, pour tenter de détrôner Renaud Muselier.

Onze ans après avoir conduit la liste UMP, vous êtes de nouveau candidat en région Paca. Vous avez hésité avant d’accepter ?

Oui. J’ai  ans ; je voulais être sûr d’avoir la santé et l’énergie nécessaire­s pour mener à bien ce mandat. Le pire, en politique, c’est de décevoir. Rien ne m’obligeait à accepter la propositio­n de Marine Le Pen. J’aurais pu rester au Parlement européen, dans une position confortabl­e et moins stressante. [Il sourit] Mais j’ai choisi de me présenter, dans cette région qui a toujours été la mienne, parce qu’en , Estrosi a promis de changer les choses. Et il n’a strictemen­t rien fait !

Qu’allez-vous changer ?

Nous aurons le temps de détailler notre programme. Mais pour ne vous donner qu’un exemple : en six ans, la majorité actuelle a recruté  personnes au cabinet du président et seulement  agents pour la police ferroviair­e ! En matière de sécurité, le bilan est très léger…

La sécurité ne fait pas partie des compétence­s du conseil régional ?

La distributi­on de masques non plus, pourtant la Région l’a fait et elle a eu raison ! Nous sommes en état d’urgence sécuritair­e.

À vos yeux, le fait d’avoir été naguère l’un des ténors du RPR et de L’UMP est un avantage ?

Le parti gaulliste auquel j’ai adhéré avait des valeurs et des conviction­s. LR est aujourd’hui une formation à la dérive dont une partie des cadres, à l’instar de Christian Estrosi, est tentée de soutenir le président Macron. Mon parcours, de LR au RN, est celui de nombreux électeurs qui pensent comme moi que Charles Pasqua, c’était tout de même autre chose que Gérard Larcher ! Ils ne se sentent plus représenté­s par cette droite de façade.

Le RN porte des valeurs qui sont tout de même éloignées de celles que vous défendiez…

Ah bon ? Lesquelles ? Le RN n’est pas un parti républicai­n ? Depuis vingt ans, c’est ce que répètent nos adversaire­s. Toujours le même disque rayé ! La réalité, c’est que nous sommes comme les autres : si nous gagnons, nous sommes contents. Sinon, on retente notre chance la fois suivante. Le RN n’est plus le FN, Marine Le Pen n’est pas Jean-marie Le Pen. Le

« Front républicai­n » n’est plus crédible : qui oserait prétendre que la République est en danger à Fréjus ? Moimême, pour paraphrase­r un célèbre général, croyez-vous qu’à  ans, j’ai l’intention de commencer une carrière de dictateur ?

Sur le plan économique, vous critiquiez les positions de Marine Le Pen…

Des positions qui sont en train de changer, heureuseme­nt…

Elles ne sont pas figées. Il est exact que nous avons certaines divergence­s. Par exemple, je suis favorable à l’ouverture du marché des TER à la concurrenc­e.

C’est également le cas pour son approche des questions sociales, que vous jugiez

« archaïque » en 2015 ?

Marine Le Pen évolue. Aujourd’hui, elle sait qu’elle a une vraie chance d’arriver au pouvoir ; elle se demande si elle pourra faire ce qu’elle dit. Le programme du RN est de plus en plus réaliste.

Sur tous les autres points, vous êtes en phase ?

Sur les domaines régaliens, totalement : la sécurité, l’immigratio­n… Y compris sur l’europe, que Marine Le Pen souhaite changer de l’intérieur. D’ailleurs, si vous relisez l’appel de Cochin de Jacques Chirac en , vous verrez que c’est très proche de ce que nous défendons aujourd’hui. L’esprit du gaullisme, c’est la France avant tout. À cette aune, nous sommes plus républicai­ns que Les

Républicai­ns. LR est devenu un cartel d’élus. Voter Muselier, c’est jouer au loto politique : on ne peut pas savoir dans quelle direction il va aller.

Que pensez-vous de la stratégie de la « main tendue » de Castaner vers Muselier ?

Je pense que sa démarche est sincère. Il n’y a rien d’étonnant : Estrosi a gouverné au nom de la gauche, Muselier vaut faire la même chose avec LREM.

Renaud Muselier a assuré qu’il n’y aurait aucun accord d’appareil avec LREM…

Mais il n’a pas exclu d’accepter des membres de LREM sur sa liste. C’est prendre les électeurs pour des couillons. Chacun a compris qu’ils vont s’entendre. Nous sommes la seule force politique d’alternance.

Et la gauche ?

Je souhaite qu’elle présente une liste unique, qu’elle la maintienne au second tour si elle le peut, et qu’elle fasse entendre sa voix dans l’opposition.

Vous le souhaitez d’autant plus qu’en cas de triangulai­re, vous accroîtrie­z vos chances de l’emporter ?

Peut-être. Ce qui compte, c’est que la gauche défende ses conviction­s et cesse de jouer la comédie de la diabolisat­ion.

Vous vous préparez à une campagne difficile ?

‘‘ Voter Muselier, c’est jouer au loto politique”

Oui. D’une certaine façon, c’est une première étape, un tour de chauffe pour la présidenti­elle. La France entière va nous observer.

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(Photo Gilles Badet/la Provence)

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