l’itinéraire d’un vaccin L’inventaire
Désormais, la chaîne logistique est bien rodée. Chaque matin, les deux préparatrices épluchent la liste des dotations que lui transmet L’ARS. C’est cette autorité sanitaire qui, avec la préfecture, répartit les doses. « En fonction de trois critères, explique le Dr Collomp : la population vaccinable de chaque centre, le niveau local de l’épidémie et l’état des stocks... Le but étant qu’il y en ait le moins possible. » Pas question pour autant de dépasser les quotas attribués à chacun. Gwenaëlle et Maeva vérifient et revérifient que les demandes émanant des établissements correspondent bien aux préconisations de L’ARS. Si c’est le cas, le ballet des livraisons peut commencer. « On fournit jusqu’à établissements certains jours de pointe à travers tout le département. » Chacun se débrouille pour venir récupérer ses doses à L’archet. « Pour les centres de vaccination de l’ouest du département, ce sont régulièrement les sapeurspompiers du SDIS qui s’occupent de la livraison. Il arrive même que l’on ait recours à l’hélicoptère affrété par le conseil départemental pour livrer
l’hôpital de Tende par exemple. »
L’heure de sortie de chaque dose est soigneusement enregistrée. Le délai de péremption du Pfizer, une fois extrait du frigo, n’étant que de cinq jours, chaque minute compte. Pas question de laisser une dose se perdre, même une fois distribuée. Chaque soir, le Dr Rémy Collomp fait l’inventaire des vaccins qui n’ont finalement pas été injectés. Ils reviendront au CHU avant que L’ARS ne statue à nouveau sur leur sort. Les doses reprendront alors leur itinéraire jusqu’au deltoïde d’un azuréen. Mais aussi les sacs isothermes dans lesquels elles sont conditionnées, les seringues qui serviront aux piqûres et jusqu’aux étiquettes qui finiront collées dans le carnet de vaccination et garantissent la traçabilité de chaque injection. Le CHU de Nice fournit en réalité le kit complet nécessaire à chaque inoculation. Un travail de titan réalisé loin des projecteurs pourtant braqués sur l’impérieuse campagne vaccinale en cours, dans les coulisses du CHU.
Le CHU vaccine également. C’est même là que le coup d’envoi de la campagne vaccinale dans les Alpes-maritimes avait été donné le janvier dernier. À ce moment-là, seuls les personnels hospitaliers pouvaient y recevoir leur injection. Ce n’est plus le cas, explique le Professeur Pierre Marty qui gère le centre de vaccination du CHU : « Nous continuons à vacciner les agents hospitaliers, toutes catégories confondues, ainsi que leurs conjoints. Mais nous vaccinons aussi les patients de l’hôpital, même s’ils viennent dans le cadre d’une simple consultation. » D’ailleurs, le CHU, qui a réaménagé un ancien service de rhumatologie de L’archet en centre de vaccination, a déjà administré près de doses en partenariat avec les services de la médecine du travail. Il est donc possible de se faire vacciner à l’hôpital. Selon critères de priorité fixés par le gouvernement, qui « relèvent néanmoins, souligne le Pr Marty, de l’appréciation des médecins » :
« pour moi, un taxi qui fait du transport médical est un personnel soignant tout comme les parents d’un enfant malade sont aussi ses premiers soignants. » Pour ce praticien, l’important aujourd’hui est de vacciner. « D’autant qu’il y a les doses ! »