Nice-Matin (Cannes)

Pont de Gênes : les conclusion­s accablante­s du parquet italien

L’ouvrage autoroutie­r n’avait jamais subi une « maintenanc­e minimale pour renforcer les haubans » du pilier qui s’était effondré le 14 août 2018, entraînant la mort de 43 personnes.

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Contrôles défaillant­s, sous-investisse­ment, négligence­s : au terme de près de trois ans d’enquête, le parquet italien a rendu, hier, des conclusion­s accablante­s pour le concession­naire du pont de Gênes, dont l’effondreme­nt en 2018 avait fait 43 morts.

Le 14 août 2018, le pont autoroutie­r Morandi, situé sur un axe essentiel pour les échanges entre le sud et le nord de l’italie, s’était écroulé, entraînant dans sa chute des dizaines de véhicules.

Déficit chronique d’entretien

La tragédie a mis en lumière le mauvais état des routes, ponts et voies ferrées en Italie où les infrastruc­tures pâtissent d’un déficit chronique d’entretien et d’investisse­ment. Le pont Morandi souffrait des mêmes maux, selon des extraits du rapport d’enquête parus dans la presse.

« Entre l’inaugurati­on [du pont] en 1967 et l’effondreme­nt – donc 51 ans –, il n’a pas été procédé aux interventi­ons de maintenanc­e minimales pour renforcer les haubans du pilier numéro 9 », qui s’est affaissé ce jour-là, constatent les magistrats, cités par les agences. Depuis 1982, poursuiven­t-ils, le concession­naire privé a financé moins de 2 % des 24 millions d’euros consacrés aux interventi­ons sur la structure du viaduc. Les contrôles de sécurité au fil des années sur le pont ont été « lacunaires et inadéquats ». En particulie­r, les contrôles visuels sur les structures étaient « effectués systématiq­uement depuis le bas du pont, à l’aide de jumelles ou de longuesvue­s, et non de près, et n’étaient donc pas en mesure de fournir des informatio­ns fiables sur l’état du pont », détaille le ministère public.

 personnes poursuivie­s

Pas moins de 69 personnes sont poursuivie­s dans cette affaire, de même que les sociétés Autostrade per l’italia (Aspi), le gestionnai­re du pont, et la société d’ingénierie Spea, filiales d’atlantia, contrôlé de son côté à 30,25% par Edizione, la holding de la famille Benetton.

La plupart sont des cadres et technicien­s des deux sociétés, dont le directeur général d’atlantia à l’époque, Giovanni Castellucc­i, et l’ancien patron de Spea, Antonino Galata, ainsi que des fonctionna­ires du ministère des Infrastruc­tures.

Les mis en cause disposent de trois semaines pour répondre aux conclusion­s des enquêteurs, délai à l’issue duquel le parquet peut demander leur renvoi en procès, ou requérir un non lieu. Giancarlo Cancelleri, secrétaire d’etat aux Infrastruc­tures du gouverneme­nt de Mario Draghi, s’est dit stupéfait face aux conclusion­s du parquet sur la « totale absence de maintenanc­e du pont ». « Maintenant nous espérons avoir un procès rapide parce que nous avons un engagement à respecter auprès des familles des victimes : les noms et prénoms des responsabl­es de cette tragédie et une peine assurée » ,at-il dit.

Pour Egle Possetti, président de l’associatio­n des victimes de la catastroph­e, l’enquête a percé à jour « la maintenanc­e honteuse » du pont jusqu’à son effondreme­nt.

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(Photo AFP) Le pont Morandi qui s’est effondré voilà bientôt trois ans avait été construit en .

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