De l’ombre à la lumière
Ce n’est pas un coup de projecteur mais une lumière venue du haut d’un décor noir, ou la chaise se fond pour n’éclairer que les visages et les bustes. Chibanis, La question, c’est une exposition de photos en noir et blanc, en grand format, à la médiathèque Colette jusqu’à vendredi. Des yeux déracinés et des mains de travailleurs, qui dévorent l’espace central et invitent à écrire ses remarques sur les post-it laissez-la pour commenter.
Des récits sans paroles
Les Chibanis ou chibanias, « cheveux blancs » ou encore « anciens, sages, vieillards » est un terme respectueux en arabe dialectal, pour désigner les immigrés maghrébins, première génération, arrivés pendant les Trente Glorieuses, quand la France avait besoin de bras. Parvenus à l’âge de la retraite, ils n’ont pas retrouvé leur terre natale et sont restés. Un choix pour certains et une obligation pour d’autres qui, à l’époque de leurs venues, pensaient un jour rentrer chez eux.
Luc Jennepin, né à Algérie en 1970, a croisé leurs regards en suivant une classe de collégiens à la découverte des cheminements de l’immigration. Cette histoire collective mais morcelée, aux parcours divers mais aux destins similaires, le heurte et il la révèle dans la simplicité et la force des deux couleurs antinomiques.
Il en ressort des récits sans paroles, des clichés imprimés en une seule posture : une assise droite et digne, soutenue par le regard qui plonge dans celui du visiteur. En filigrane les réflexions sur l’intégration et l’acceptation que pose immanquablement l’aventure de l’exil. L’hasselblad du photographe montpelliérain a souligné la dignité, avant tout et coûte que coûte. Béatrice Courel