Notre-dame : six mois
Le 29 octobre dernier un fanatique semait la mort dans la basilique Notre-dame. Ce Tunisien alors âgé de 21 ans décapitait une paroissienne avant de faire deux autres victimes.
Le 29 octobre 2020, à 8 h 29 très précisément, Brahim A. pénétrait dans la basilique Notredame de l’assomption. Ce Tunisien de 21 ans n’était à Nice que depuis 36 heures. Dans ce laps de temps très court les caméras de vidéosurveillance vont le filmer à quatre reprises devant l’édifice religieux de l’avenue Jean-médecin.
Le terroriste repérait-il les lieux ? Visait-il le symbole religieux ? Ou cherchait-il à s’en prendre avant tout à une femme d’une autre religion que la sienne ? C’est la question que soulève la découverte dans l’une des poches de son jean d’un petit Coran, à l’intérieur duquel Brahim A. avait glissé un marque-page (voir notre édition d’hier). Les versets sur lesquels le fanatique avait arrêté sa lecture appartiennent à la sourate An-nissa. Vocable qui désigne « les femmes » en arabe. Etaientelles visées autant que l’église ?
« Je vais l’aider et prévenir le prêtre »
Le fait est que, lorsque le djihadiste pénètre dans la basilique, Nadine Devillers y est seule. Cette paroissienne de 60 ans avait rendez-vous chez son dentiste ce matinlà. Sur le chemin du retour elle a décidé de se recueillir quelques instants à Notredame. Brahim A. l’a peutêtre suivie délibérément. Ses intentions, quant à elles, étaient on ne peut plus claires. Le terroriste s’est littéralement acharné sur sa victime, allant jusqu’à la décapiter. Nadine gît à même le sol dans le hall de Notre-dame, lorsqu’un témoin y pénètre à son tour. Il s’agit d’une habitante du quartier qui découvre alors, avec effroi, le drame qui est en train de se nouer dans le huis clos de la basilique. Cette femme de 56 ans ressort immédiatement et tente d’appeler les secours. C’est alors que Simone Barreto-silva gravit les marches en pierres blanches qui mènent à l’église. Sous le choc, la quinquagénaire qui vient de découvrir le corps de Nadine décrit sa vision d’horreur à la jeune mère de famille brésilienne et tente de la dissuader de rentrer à l’intérieur. Mais, égale à ellemême, Simone n’écoute que son coeur. « Je vais l’aider et prévenir le Père curé », lancet-elle en passant les lourdes portes d’enceinte…
Pour Nadine Devillers il est déjà trop tard. Pourtant Simone ne ressort pas de la basilique. Au contraire, elle se dirige vers la sacristie. Sans le savoir elle suit les pas de l’assaillant. Elle sera sa deuxième victime. Brahim A. poignarde la jeune mère de famille brésilienne à 25 reprises, tandis que sur le perron, la seule paroissienne témoin des faits continue de chercher à donner l’alerte.
De loin elle a aperçu le sacristain buvant un café devant une boulangerie voisine. Elle lui fait des signes, crie tant qu’elle peut. Vincent Loquès, le sacristain, se précipite. Il est 8 h 52 lorsqu’il pénètre à son tour dans la basilique. L’homme se heurte à la même vision d’horreur. Il entend en outre des cris provenant du fond de la sacristie où le terroriste s’en prend à Simone.
Des cris venant du fond de la sacristie
Est-ce l’intervention de Vincent qui permet à Simone de se soustraire à son agresseur ? Deux minutes après l’entrée du sacristain, la jeune brésilienne parvient à s’enfuir par une porte latérale de Notre-dame donnant sur la rue d’italie. Elle se réfugie dans un snack où elle succombera à ses blessures. Assassinée alors qu’elle voulait « porter secours ». Tout comme le sera également le sacristain Vincent Loquès.
Seule l’intervention d’un équipage de la police municipale, à 8 h 58, mettra enfin un terme à la folie meurtrière du fanatique.