Le « message de vie » du père Franklin « pour ne pas laisser les fanatiques gagner »
Le père Franklin Parmentier avait pris ses fonctions à la basilique Notre-dame de l’assomption deux mois seulement avant l’attaque. Son installation officielle n’a finalement été célébrée que la semaine dernière, à la veille de la commémoration des six mois de l’attentat. Le prêtre revient sur ce long cheminement même si son regard reste résolument tourné vers l’avenir… « Pour ne pas laisser les fanatiques et les islamistes gagner. »
« Comme une guérison »
Il a fallu remettre de l’humain dans ce que nous avons vécu. Et dans l’humain il y a la prière. On a cette grâce d’avoir la foi, cette présence de Dieu qui pleure avec nous et qui est à nos côtés », confie
«le père Franklin qui explique que sa paroisse a dû en passer par « plusieurs étapes ». Elles coïncident avec le calendrier liturgique : «Il y a d’abord eu la messe de réparation en hommage aux victimes. Puis il y a eu Noël, symbolisant le renouveau. » Le prêtre en profite pour remercier une nouvelle fois les commerçants du quartier qui, « en décorant l’église », ont contribué à « y remettre de la vie ». « Enfin est venu le temps du carême et de Pâques. » Nouvelle traversée du « désert ».
Mais finalement, «au bout de ces six mois c’est un peu comme une guérison ». Du moins le père Franklin l’espère, guidé par la foi de Saint-joseph : « Ce n’est pas une foi qui explique, c’est une foi qui accueille », rappelle-til. « Parce qu’il faut parfois renoncer à expliquer les choses, mais simplement les accueillir telles qu’elles sont. Ce n’est pas une soumission », précise l’homme d’église qui le dit haut et fort : « Jamais je ne me soumettrai, ni à la fatalité, ni à la violence de ceux qui on fait ça ! »
« Il est souvent plus facile de voir la forêt qui brûle plutôt qu’un arbre qui pousse », reconnait-il. Mais il s’y refuse : « Il y a eu un acte horrible, certes, mais il y a eu aussi tellement de petites choses merveilleuses. Une fleur, une bougie, une présence… », souligne le père Franklin. « Même s’il y a de la pudeur à avoir », tempère-t-il. Les familles des victimes viennent régulièrement prier dans son église. Pleurer aussi. «Il faut prendre du temps et leur laisser de l’espace. » Mais le prêtre espère qu’elles arriveront, elles aussi, à « faire cette distinction entre la mémoire et le passé ».
« On peut aussi tuer d’un simple regard »
« Nous ne devons pas rester figés dans le passé, martèle le prêtre en guise de message. Par contre c’est important d’en garder la mémoire. C’est pour cela que nous avons installé les portraits de Nadine, Simone et Vincent dans la basilique. Ce sont des portraits de belles personnes qui sourient. Ils nous rappellent que la vie reste précieuse pour nous. Et nous invitent à découvrir que dans cette église il y a aussi la présence de Dieu. C’est bien ce qui unissait d’ailleurs Nadine, Simone et Vincent. Même si le mal y a fait irruption. Il ne faut pas que ce passé nous empêche d’avancer. Car ce serait laisser le terrorisme et le fanatisme gagner. Et je ne laisserai pas le terrorisme islamiste l’emporter. Pour cela il nous faut remettre de la vie là où ils ont semé la mort. Sans attendre que d’autres le fassent à notre place. »
Car pour le père Franklin, ce qui s’est passé le 29 octobre dans la basilique nous renvoie en fait « à nousmême ». « À ce que nous faisons, à la manière dont je parle aux autres, à la manière dont je regarde l’autre… On peut aussi tuer d’un simple regard », rappelle-t-il. « Prenons soin les uns des autres. Éduquons nos enfants, au sens étymologique du terme. Guidons-les pour qu’ils sortent du chemin de l’erreur. Faisons en sorte que les gens sortent du chemin de la peur… C’est mon rôle de prêtre et de chrétien. Car pour nous, chrétiens, le noyau c’est l’amour. C’est le moyen que Dieu nous donne. Ce n’est certainement pas la mort. »