Nice-Matin (Cannes)

Assurances : les associatio­ns s’unissent pour les sinistrés

Les acteurs associatif­s lancent une enquête dans les vallées frappées par la tempête Alex. Objectif : recenser les problèmes d’indemnisat­ion pour mieux plaider leur cause.

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Retards dans l’indemnisat­ion, critères inadaptés, mauvaise volonté... Les relations entre assurances et assurés sont parfois difficiles, dans les vallées frappées par la tempête Alex (1). Cela n’a pas échappé aux associatio­ns qui sillonnent le terrain depuis bientôt sept mois. Elles ont décidé d’unir leurs forces pour lancer une enquête auprès des sinistrés.

« Vous êtes sinistré de la tempête Alex ? Vous rencontrez des problèmes avec votre assurance ? » Dans ce cas, un questionna­ire détaillé vous attend (2). Destiné aux associatio­ns partenaire­s de l’opération, il doit leur permettre d’identifier les points noirs, de les signaler, et d’« être plus efficaces pour vous aider ».

Le Secours Populaire Français, très présent dans la Roya et la Vésubie, avait lancé les premiers signaux d’alerte dès janvier. « Les autres associatio­ns nous ont aussi fait part de difficulté­s sur le terrain », rapporte Jean Stellitano, secrétaire général de la Fédération des Alpes-maritimes. Le Secours

Pop’ a déjà recensé «une centaine de dossiers qui requièrent une attention particuliè­re ».

« C’est LE problème du moment »

Face à l’ampleur de la catastroph­e, les associatio­ns ont tissé un réseau d’entraide. Elles sont neuf à cosigner l’appel à témoignage­s. Secours Pop’ donc, mais aussi Secours catholique, Croix-rouge, Les Weekends solidaires, Aide aux sinistrés, Emmaüs Roya, Les Demoiselle­s des vallées et l’associatio­n Hervé-gourdel. La présidente de cette dernière, Aline Viguier Le Griel, précise : « Nous n’étions pas sûrs d’être légitimes, car nous ne sommes pas des associatio­ns de défense des consommate­urs. Mais nous intervenon­s là où des assurances font défaut. Les assurances, c’est LE problème du moment. »

Les cas de figure sont variés. Exemple : « Les accès aux maisons, aux fermes ou aux dépôts emportés par les eaux. Une situation inédite ! Or les assurances expliquent que les terrains n’étaient pas assurables. Comment faire pour qu’ils soient indemnisés ? », s’interroge Jean Stellitano. D’autres sinistrés ont reçu une propositio­n d’indemnisat­ion « conditionn­ée au verdict de l’expert des domaines. C’est illégal ! »

Aline Viguier Le Griel s’indigne que « des assurances n’indemnisen­t pas dans les temps, ou cherchent des raisons pour ne pas indemniser. On arrive à des situations potentiell­ement dramatique­s. Des familles sont en train d’éclater parce que les gens ne voient pas le bout du tunnel ». Sans parler des sinistrés qui « n’avaient pas d’assurance, ou qui les avaient prises a minima ». Dans ce cas, insiste Jean Stellitano, les associatio­ns sont là pour les épauler.

  dossiers liés à Alex

Objectif de l’opération : éviter les « trous dans la raquette » et dénoncer les abus. Mais pas jeter l’opprobre sur l’ensemble des assurances, confrontée­s à un événement sans précédent. La présidente de leur Fédération

française (FFA) s’est entretenue avec les associatio­ns récemment. Elle aurait reçu 12 000 dossiers liés à la tempête Alex ! «LAFFA va centralise­r les demandes que les associatio­ns vont filtrer. C’est la grande avancée, salue Jean Stellitano. Ona aussi bien compris qu’au-delà des difficulté­s avec certains assureurs, l’état ne mettait pas en place suffisamme­nt tôt certains dispositif­s... » Les associatio­ns appellent donc l’état, comme les assureurs, à jouer pleinement son rôle. Sans traîner ni pinailler. Elles suggèrent aussi d’assouplir certaines clauses, telles que l’obligation de rebâtir dans les deux ans sur la même commune. Elles alertent, surtout, sur «lacolère» et « l’incompréhe­nsion » des assurés mal considérés. « Les gens ont besoin de se projeter, insiste Aline Viguier Le Griel. Sinon, il risque d’y avoir une fuite des habitants... »

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(Photo Eric Ottino) De Saint-martin-vésubie à Breil-sur-roya, de nombreux sinistrés peinent encore à être indemnisés.

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