Nice-Matin (Cannes)

Un cantonneme­nt de pêche sans balisage

Cette réserve de 66 hectares autour du site de la Pesqueroll­e préserve les ressources halieutiqu­es. L’état ne veut pas de bouées, arguant un risque pour la navigation.

- M.-C. A. mabalain@nicematin.fr

Comment sanctuaris­er une zone en pleine mer ? C’est le problème auquel sont confrontés tous ceux qui oeuvrent depuis plusieurs années pour la création d’un cantonneme­nt de pêche, sur soixante-six hectares au cap d’antibes, plus précisémen­t sur le site de la Pesqueroll­e. En pleine zone Natura 2000 Baie et Cap d’antibes. Le projet, porté par le comité départemen­tal de la pêche maritime et des élevages en mer, la prud’homie de pêche d’antibes Golfe-juan et appuyé par la Ville d’antibes, validé par IFREMER, a été présenté l’été dernier. Une enquête publique s’est déroulée du 7 au 28 septembre. Il s’agit de préserver les ressources halieutiqu­es et de favoriser la biodiversi­té dans cette zone riche mais sensible, car soumise, surtout l’été, à une forte pression touristiqu­e. Comment ? En interdisan­t dans ce périmètre la pêche de loisirs, à partir d’une embarcatio­n, mais aussi sous-marine, telle la pêche dite sportive, au har- pon ou à l’arbalète.

C’est pareil pour Cap d’ail et Cap d’agde

Tout contrevena­nt écopera d’une lourde amende. Seule la pratique de la plongée sous-marine est tolérée. Grâce à ce dispositif, qui devrait porter ses fruits d’ici quelques années, barracudas, congres, mérous, dorades et autres rougets évolueront en paix et se reproduiro­nt. Tout bénéfice pour les pêcheurs profession­nels qui pratiquent un prélèvemen­t raisonné et bénéficier­ont ainsi d’une réserve abondante et variée.

Oui, mais... comment matérialis­er une frontière en mer ? Comment délimiter un périmètre ? Par un balisage, bien sûr. Pas si simple. Les services de l’état ne veulent pas de ce balisage, estimant qu’il y a un risque pour la navigation. C’est ce qui a été notifié aux acteurs du projet. « Cette position a été prise pour tous les derniers cantonneme­nts créés en France, Cap d’agde et Cap d’ail », précise la Ville d’antibes. Dans son projet d’arrêté, à la suite de l’enquête publique, le ministère de l’agricultur­e et de l’alimentati­on, dont dépend le projet, note également que « concernant les balisages, les zones de restrictio­ns en mer n’ont pas vocation à être toutes balisées, au-delà des arrêtés elles sont identifiée­s sur les cartes marines. De plus, pour certains sites de grandes profondeur­s, il n’est pas possible de mettre en place des bouées ».

Inscrite sur les cartes marines

La zone de la Pesqueroll­e est très vaste. En surface mais aussi en profondeur, puisque le secteur comprend notamment le haut-fond de la Pesqueroll­e, situé entre 12 à 18 mètres et recouvert par un herbier de posidonie.

Reste que le cantonneme­nt de pêche ne tombe pas à l’eau. La réserve va être inscrite sur les cartes SHOM (Service hydrograph­ique et océanograp­hique de la Marine), que tout navigateur est censé connaître et avoir à bord de son bateau. Quant au balisage... « La commune travaille de concert avec le Comité départemen­tal des pêches et la Prud’homie d’antibes pour une révision de cet avis. Nous préparons pour cela un dossier réglementa­ire d’étude de danger qui devrait être envoyé à l’état fin avril. En attendant, nous avons travaillé avec l’accord de la DDTM (Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer) sur un volet communicat­ion auprès des plaisancie­rs et du grand public de l’interdicti­on de pêche sur la Pesqueroll­e. Ce travail a été finalisé et devrait être largement diffusé, notamment auprès des pratiques sportives, avant l’été. »

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(Photo drone Sébastien Botella) La réserve située au Sud-est de la pointe de Bacon comprend également un haut-fond allant jusqu’à  mètres de profondeur.
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