Nice-Matin (Cannes)

Que contient le nouveau projet de loi antiterror­iste ?

L’exécutif a confirmé hier des évolutions législativ­es dans la lutte contre le terrorisme, notamment l’utilisatio­n des algorithme­s ainsi que le suivi de détenus après leur sortie de prison.

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Le Conseil des ministres a examiné hier un nouveau projet de loi antiterror­iste. Le Premier ministre Jean Castex a défendu un texte qui permet « de s’adapter aux nouvelles menaces moins faciles à détecter et de prendre appui sur les nouveaux outils liés aux nouvelles technologi­es ». Il a fait valoir que « l’attaque de Rambouille­t, l’assassinat du professeur Samuel Paty ou encore l’odieux attentat de Nice en novembre ont été (...) le fait d’individus isolés, de plus en plus jeunes, le plus souvent inconnus des services de renseignem­ent, qui ont basculé dans le jus de radicalisa­tion folle sans forcément avoir de liens avec des réseaux terroriste­s ». Dans la matinée, Gérald Darmanin avait souligné qu’il y avait eu « neuf attentats de suite que l’on ne pouvait pas détecter à moyens constants. Nous continuons à être aveugles, à surveiller des lignes téléphoniq­ues normales que plus personne n’utilise ».

À l’appui de ses propos, Gérald

Darmanin avait relevé que chacun des meurtriers de Samuel Paty et des paroissien­s de la Basilique de Nice, en octobre 2020, ne communiqua­it avec ses interlocut­eurs que par messagerie­s cryptées, Facebook et Messenger.

Pour détecter les menaces, le texte pérennise la technique de l’algorithme, qui permet le traitement automatisé des données de connexion, tout en l’étendant aux adresses web («URL »).

Vifs débats à venir

Sur les 35 attentats déjoués depuis 2017, « deux l’ont été, selon Gérald Darmanin, grâce aux traces numériques » laissées par leurs auteurs.

Le projet de loi porte à deux mois, contre un seul aujourd’hui, la durée autorisée pour recueillir des données informatiq­ues. Audelà, ces données sont considérée­s comme « mortes » mais pourront être conservées pendant cinq ans. Le projet de loi, dont le vote définitif est prévu par le gouverneme­nt « avant la fin du mois de juillet », promet de vifs débats au Parlement. Fort de 19 articles, il vise principale­ment, selon le ministère, à « actualiser », voire renforcer, plusieurs dispositio­ns de la loi renseignem­ent de juillet 2015 et celle sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme (Silt) d’octobre 2017.

Les « visites domiciliai­res », ex-perquisiti­ons administra­tives, pourront s’accompagne­r de la saisie du matériel informatiq­ue si un suspect refuse de donner l’accès à son contenu.

Les mesures individuel­les de contrôles (Micas), ex-assignatio­ns à résidence, pourront être prolongées « jusqu’à deux ans » après la sortie de prison, contre un an aujourd’hui, pour les personnes condamnées à au moins cinq ans ferme pour terrorisme. Ces mêmes

« sortants », s’ils présentent une « dangerosit­é particuliè­rement élevée » de récidive, pourront aussi faire l’objet de mesures judiciaire­s, telles qu’établir leur résidence en un lieu donné ou respecter une prise en charge sanitaire, jusqu’à cinq ans après avoir purgé leur peine.

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(AFP) Hier, au sortir du Conseil des ministres, Jean Castex a défendu mordicus un texte destiné à «s’adapter aux nouvelles menaces, moins faciles à détecter ».

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