Nice-Matin (Cannes)

J’assume totalement le “quoi qu’il en coûte”

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Comment le pass sanitaire fonctionne­ra-t-il ? N’y a-t-il pas un risque d’une société sanitaire à deux vitesses avec les vaccinés et les autres ?

Je tiens beaucoup à l’unité de la Nation. Sur le plan sanitaire, chaque innovation a été accessible à tous. Les tests sont gratuits en France. Très peu de pays sont dans ce cas. Nous n’avons laissé personne au bord de la route. La République et l’état Providence ont été au rendez-vous. Le « quoiqu’il en coûte », c’est aussi ça. Le pass sanitaire ne sera jamais un droit d’accès qui différenci­e les Français. Il ne saurait être obligatoir­e pour accéder aux lieux de la vie de tous les jours comme les restaurant­s, théâtres et cinémas, ou pour aller chez des amis. Par contre, dans des lieux où se brassent les foules, comme les stades, festivals, foires ou exposition­s, il serait absurde de ne pas l’utiliser. Comme il en va de nos libertés publiques, le Parlement se saisira de la question. Le débat doit être ouvert. Ce pass, qui sera papier ou numérique, via l’applicatio­n Tousantico­vid, permettra de montrer qu’on est vacciné ou testé négatif dans les deux jours qui précèdent. C’est juste et ça ne fracturera pas le pays. Ce sera un outil supplément­aire pour assurer la protection des Français.

Est-ce que la formule que vous nous présentez permettra de ne plus avoir recours à des confinemen­ts ?

C’est mon souhait le plus fort, et cela ne date pas d’aujourd’hui. Mais est-ce que je peux vous dire, les yeux dans les yeux, qu’on ne sera plus jamais débordé par ce virus ? C’est impossible. Il semble que les vaccins dont nous disposons sont efficaces face aux variants, mais vous voyez bien que nous en découvrons de nouvelles formes chaque semaine. Il faut donc rester vigilant. Maintenant, notre combat, c’est de vacciner le plus vite possible pour augmenter notre immunité collective. Il faut le faire évidemment en Europe, mais également en aidant l’afrique et les pays les plus pauvres. Ce n’est pas simplement de la solidarité, c’est aussi de l’efficacité.

Voyez-vous la fin de la crise sanitaire en  ?

Je ne sais pas. S’il n’y a pas de nouveaux variants non maîtrisés, oui. Là où je suis plus optimiste, c’est que nos meilleurs scientifiq­ues et industriel­s disent que nous serions en capacité, en  à  jours, de fournir un vaccin permettant d’y répondre. Mais peut-être aurons-nous à vivre avec le virus pendant des années et à nous refaire vacciner chaque année.

Envisagez-vous dès maintenant d’ouvrir la vaccinatio­n à tous ?

Pas tout de suite. On peut optimiser le fonctionne­ment de nos  centres de vaccinatio­n. On va continuer à prioriser par âge parce que c’est le plus efficace. La vaccinatio­n des plus vulnérable­s fait baisser la pression sur les services hospitalie­rs. Mais nous avons des doses en stock. Nous allons donc ouvrir à compter du er mai la vaccinatio­n à tous les plus de  ans qui ont une surcharge pondérale sérieuse (indice de masse corporelle supérieur à ). J’invite les , millions de Français concernés à se rendre dans les centres de vaccinatio­n dès ce weekend.

Y aura-t-il un bac normal cette année ?

En aucun cas, nous n’aurons des examens et des diplômes au rabais. Qu’il s’agisse du baccalauré­at, des bac pro, des BTS ou des examens dans nos université­s. Mais nous devons nous adapter. Pour le baccalauré­at, certaines épreuves qui devaient se tenir en mars sont passées en contrôle continu du fait de l’épidémie. En revanche, les deux épreuves qui ont des examens terminaux, la philosophi­e et le grand oral, seront maintenues.

Et les autres examens ?

« Pour le bac pro, les épreuves terminales prévues pour juin seront maintenues. Idem pour les BTS, en juin, avec la part de stage et de contrôle continu prévue, mais nous mettrons en place une session exceptionn­elle de rattrapage en juillet. Pour tout le reste du supérieur, les examens prévus se tiendront mais à chaque fois qu’il y aura des élèves malades, nous leur permettron­s d’avoir des sessions de rattrapage.

Comment sortir des aides et du « quoiqu’il en coûte », sans faire trop de dégâts sur des secteurs très fragilisés ?

J’assume totalement le “quoi qu’il en coûte”. Nous avons eu raison de le faire. Durant la crise -, la France a eu une récession deux fois moins forte qu’en Allemagne, mais a détruit  fois plus d’emplois. Là nous n’en détruisons pas plus, car on a protégé les emplois existants. Le chômage n’a pas explosé, ni les faillites. Les semaines à venir, il faut être très vigilant pour accompagne­r le redémarrag­e sans créer de fragilités économique­s. Le dispositif d’activité partielle sera maintenu à l’identique en mai et en juin. En mai, pour ceux qui commencent à rouvrir, il y aura les mêmes aides économique­s qu’en avril. À partir du er juin, l’accompagne­ment se fera au prorata de la reprise d’activité. On aura une réponse adaptée par secteur. Ce sera du cousu main. Là encore, nous le ferons dans un cadre concerté avec les partenaire­s sociaux.

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