Il y a dix ans, le musée napoléonien levait le camp
En 2011, la tour du Graillon, aujourd’hui Espace Mer et Littoral, fermait définitivement ses portes. Depuis 1964, le site abritait une belle collection privée dédiée à l’empereur.
Des aquariums et des écrans numériques prévus dans la batterie du Graillon, transformée en Espace Mer et Littoral pour sensibiliser le public à la richesse et la fragilité des fonds sous-marins côtiers, à Napoléon, quel rapport ? Une tour. Immense et offrant un panorama sur la mer et l’horizon illimité. C’est là, plus précisément, qu’est né le musée privé naval et napoléonien, aujourd’hui disparu. Un écrin historique à la mesure de la riche collection acquise au fil des décennies par André Sella, qui a succédé à son père Antoine, à la tête de l’hôtel de Cap.
Qui se souvient de ce musée ? Les deux étages de l’édifice étaient peuplés de peintures, sculptures, objets et autres documents se rapportant à l’empereur dont André Sella était grand, très grand admirateur. Tout chez Napoléon Bonaparte le fascinait mais surtout la période du retour de l’île d’elbe. Et pour cause, c’est de cette île que l’empereur déchu a pris son envol vers la reconquête du pouvoir, en débarquant à Golfe-juan. À quelques encablures de la pointe du cap d’antibes.
Où sont passés ces trésors ?
André Sella avait commencé sa collection dans les années 1930. Et celle-ci gagnait en volume. Au point de devenir une collection très renommée mais aujourd’hui dispersée. Au début des années 2000, le ministère de la Marine a vendu nombre de ses propriétés. Dont la batterie du Graillon. Le transfert de la collection Sella, et d’autres pièces issues de dons et dépôts, s’est effectué sur plusieurs années. Jusqu’à la fermeture complète du musée en 2011 pour laisser place à l’actuel Espace Mer et Littoral porté par la Ville. Aujourd’hui, légitimement, on peut se demander où sont passés tous ces objets et souvenirs ? La question revient tout particulièrement à la veille des célébrations de la mort de Napoléon.
Don à l’association
C’est l’histoire dans la grande Histoire. Dès 1936, la Marine Nationale avait autorisé André Sella à transférer ses trésors dans la tour du Graillon, moyennant un droit de passage, les deux propriétés étant riveraines.
Le 1er septembre 1965, une convention officialise la création d’un musée de la marine gérée par l’association des Amis des Musées de la Marine. Dans cette convention, signée par André Sella, président-directeur général de la Société Anonyme du Grand Hôtel du cap d’antibes, il est précisé que « La Société du Grand Hôtel du Cap a fait don à l’association des objets qu’elle avait exposés jusqu’en 1964 dans la tour. »
Le souvenir effacé
C’est donc le Musée de la Marine qui est propriétaire de la collection Sella. Un fait reconnu par la Ville dans une convention signée la même année avec l’association. Dans le document, la Ville apporte officiellement son soutien au musée, via le versement d’une subvention annuelle.
Avant la fermeture du musée, la Ville s’est longuement interrogée sur l’avenir des pièces restées en dépôt. Notamment une collection de figurines de plomb, des tableaux et des parties de costumes. Une proposition a été faite à la Ville de Vallauris Golfe-juan, ville du débarquement. Sans suite aucune.
Ainsi, il ne reste plus rien du souvenir de Napoléon dans la cité des Remparts. À part, bien sûr, le Château Sallé où la famille du jeune Bonaparte a séjourné, mais qui n’est pas mis en valeur. « Nous avions là, l’une des belles collections privées », soupire un admirateur d’histoire en se souvenant de ses visites dans la tour du Graillon.
Pourtant, et on le voit avec la frénésie qui entoure les commémorations du bicentenaire de la mort de Napoléon, l’intérêt pour la geste impériale est grand. Avec un potentiel touristique immense. Il faut juste cultiver le souvenir de ce personnage hors normes.