L’union fait la force la désunion fait la farce
Silence dans la salle. Murmures dans les coulisses. Le brigadier s’apprête à frapper les trois coups. Les décors ne sont pas de Roger Harth ni les costumes de Donald Cardwell. Le rideau va pourtant se lever sur la grande comédie des élections régionales. Mais estce bien une comédie ? Les premières répliques annoncent plutôt une farce. Côté jardin, la gauche étale ses divisions. Jeanlaurent Félizia, tête de liste du Pôle écologiste, appelle à l’union… exclusivement autour de sa personne. Olivia Fortin, proche du PS, est « candidate à la candidature » sans convaincre grand monde.
LFI rêve d’une personnalité issue de la société civile susceptible de dépasser les clivages – mais qui ?
Côte cour, les acteurs ne sont guère plus convaincants. Renaud Muselier, officiellement en campagne depuis mardi, n’a pas attendu vingt-quatre heures pour dégainer la sulfateuse. Piqué par une remarque acerbe du député Eric Ciotti, l’actuel président LR de la Région ne correctionne plus : il dynamite, il disperse, il ventile. Façon puzzle. Oui, il y aura bien des élus LREM sur sa liste. Et des
« Verts raisonnables ». Et même des
« repentis » du RN.
Pas « d’accord d’appareil », certes.
Mais tout le reste est ouvert. Au premier comme au second tour. Si ça ne vous plaît pas, tant pis pour vous. Et pendant ce temps, au centre de la scène, Thierry Mariani (RN) attend. Bras croisés et sourire aux lèvres. Il sait que chaque bisbille fratricide entre Républicains, chaque coup porté à Renaud Muselier, est un bulletin de plus dans son escarcelle. Moins séduisant que Marion Maréchal pour les « historiques » du parti frontiste, l’ancien ministre de Sarkozy est aussi moins répulsif pour les électeurs de droite. Il peut raisonnablement rêver d’une victoire à la faveur d’une triangulaire.
Il sera temps, alors, d’écrire que ce n’est pas le RN qui a gagné mais les autres qui ont perdu. On pourra toujours tenter de réécrire l’histoire. Mais la farce ne fera plus rire grand monde.
« Thierry Mariani sait que chaque bisbille fratricide entre Républicains, chaque coup porté à Renaud Muselier, est un bulletin de plus dans son escarcelle. »