« Ils peuvent le faire »
En 1988, face au grand Badalone en finale à Grenoble, le CSP Limoges de Stéphane Ostrowski, auteur de 21 points et 14 rebonds, héros du match avec Don Collins, devenait le 1er club français à remporter la C2 (à l’époque Coupe des Coupes). Depuis, nul autre club français n’a réédité pareille performance. C’est dire la portée de l’exploit que va tenter d’aller chercher L’ASM ce soir sur les terres de Russie. 33 ans après, Stéphane Ostrowski, qui sera bientôt intronisé au Panthéon des Gloires du Sport français, n’a que très peu changé et la passion du jeu coule toujours autant dans ses veines. Son oeil sur la Roca Team et cette finale est celui d’un expert taille patron.
Stéphane, qu’avez-vous pensé du match de cette finale ?
C’est le niveau Euroligue. Kazan a un effectif impressionnant. Cette équipe a sorti le favori Virtus Bologne en demifinale et ce n’est pas un hasard. Ils ont une grande profondeur de banc et une qualité de joueurs que l’on peut estimer supérieure à Monaco. C’est tout le mérite de la Roca Team d’arriver à se surpasser dans ces grands moments. C’était déjà le niveau Euroligue lorsque Monaco a éliminé Buducnost en quart de finale. Les matches sont très intenses, très disputés.
L’euroligue, pour vous c’est le top ?
Complètement. De la NBA, je ne regarde pratiquement que les finales. L’euroligue est une source d’inspiration pour moi. Tout respire le top niveau, les joueurs, les tactiques, les coachs...
Le match s’est joué à pas grand-chose une nouvelle fois...
En effet. Lorsque Kazan a mené de points lors du e quart-temps, on s’est dit que ce serait compliqué pour Monaco. Or, la Roca Team a montré à cet instant une très grande force de caractère. J’ai beaucoup aimé le rôle de Marcos Knight qui a montré la voie, attaqué le cercle avec beaucoup d’agressivité. Mathias Lessort a été très important, égal à lui-même. Tout le mérite revient aussi à coach Mitrovic.
A - , beaucoup de coachs auraient montré de l’énervement. Lui, non, il a gardé sa sérénité, sa lucidité et a réussi à la transmettre à son groupe. Les joueurs n’ont pas été inhibés, ils ont continué à jouer à fond, à prendre des risques, à l’image de Gray, O’brien et Dee Bost, et ils ont réussi avec une volonté énorme à renverser la situation.
Quelle sera pour vous la clé de ce match ?
Monaco n’a pas un gros effectif en Eurocup, vont-ils réussir à enchaîner les performances de très haut niveau à intervalle rapproché face à un adversaire comme Kazan, c’est la question que l’on peut se poser. D’un autre côté, on sent qu’ils peuvent le faire, cette équipe a quelque chose de spécial. Les joueurs sont prêts à se sacrifier les uns pour les autres. Chacun accepte le rôle de l’autre. Il y a les shooteurs, comme Gray, qui peut exprimer son jeu, et les travailleurs de l’ombre, comme Yeguete, Inglis, Ndoye et le jeune Demahisballou, qui sont tout aussi importants. Coach Mitrovic a réussi à créer cette alchimie et c’est le secret des équipes qui vont très loin. Je souhaite vraiment à la Roca Team d’aller tout au bout de son histoire, elle le mérite amplement.
Le souvenir de cette finale du mars ?
C’était la veille de mon anniversaire ( ans), je n’avais pas encore remporté de titre. Je l’attendais énormément. Nous avions une superbe équipe. Et je me suis marié quelques mois après, une grande année !
STÉPHANE OSTROWSKI
Né le 17 mars 1962 à Bron.2,05m. Marié, deux enfants.
193 sélections en équipe de France, capitaine des Bleus pendant 8 ans.
8 championnats d’europe disputés. Classé 7e joueur européen de l’année 1991 par le jury du quotidien italien la Gazetta Dello Sport derrière Kukoc, Divac, Marchulenis, Petrovic, Schrempf, Villacampa... et devant Sabonis et Radja. 8 sélections en équipe d’europe, joueur français le + capé. JO L.A. 1984, Mondial 1986.
5 fois meilleur marqueur du championnat de France, 4 fois MVP . 8 fois joueur le plus complet. 4 fois champion de France en 1988, 89, 90 (Limoges) et 1995 (Antibes). Vainqueur de la Coupe des Coupes (1988), de 3 Coupes de France et 1 semaine des As.
Directeur marketing et commercial du CSP Limoges pendant 13 ans.
Sous la présidence de Fred Forte, il oeuvre ainsi pour la reconstruction du club limougeaud qui obtient 2 titres de champion (2014, 2015), un ‘’back to back’’ rare et retouve l’euroligue, multipliant par 5 le chiffre d’affaires marketing du club limougeaud.
Nul doute que Stéphane ne manquera pas de sollicitations pour s’investir dans un nouveau projet dans un avenir proche.