Un pastel en hommage à Napoléon Ier
Alors que la France commémore le bicentenaire de la mort de Napoléon Ier, la maison Millon Riviera met en vente le 6 mai une toile en hommage à l’empereur des Français
Il est décédé le 5 mai 1821. Deux siècles après sa mort, Napoléon Ier demeure toujours aussi présent dans l’esprit des Français. Pour lui rendre hommage, la maison Millon Riviera met aux enchères le 6 mai prochain une toile signée Henry de Groux (1866-1930), intitulée « Napoléon Ier à Longwood, Sainte Hélène ». Daté de 1896, ce grand pastel sur papier marouflé issu d’une collection privée est estimé entre 8 000 et 10 000 euros. Fils de peintre et orphelin dès le plus jeune âge, le Belge Henry de Groux est l’un des principaux acteurs du symbolisme et une figure importante de la vie intellectuelle parisienne à la Belle Epoque. Dès la fin du XIXE siècle, l’artiste participe à des salons et la presse se fait écho de son travail. Cet auteur de plusieurs tableaux napoléoniens sera aussi un fervent défenseur de la cause dreyfusarde, et soutiendra son ami Emile Zola dans cette affaire. Dans le pastel « Napoléon à Longwood », c’est un empereur déchu, affaibli par l’exil, solitaire, méditatif que le peintre offre de contempler. Captif sur l’île Saintehélène, après sa défaite à Waterloo et son abdication, l’homme d’etat partage ses journées entre lecture, jardinage, dictée de ses mémoires et promenades. C’est ce cadre que choisit Henry de Groux pour sa peinture. Mettant à distance tout panache, l’artiste dépeint la déchéance avec un Napoléon en proie aux torpeurs de l’âme humaine. Aux armes se substituent une pelle et un râteau tandis que les affres d’un champ de bataille sont remplacées par la sérénité du jardin de Longwood, sa dernière résidence. Le bicorne a laissé place à un modeste chapeau de paille, qui figure d’ailleurs dans l’inventaire de la garde-robe de Napoléon dressé par son premier valet de chambre Louis Marchand dans ses mémoires. Le crépuscule aux tonalités vibrantes annonce le crépuscule de la vie d’un empereur qui n’est plus… Quand au format de cette oeuvre, 114,5 x 143 cm, il rend pour sa part hommage au qualificatif de « peintre de la démesure » souvent octroyé à Henry de Groux. Mais peut-être que ce qui résume le mieux le tableau est expliqué par le peintre lui-même dans sa correspondance avec l’écrivain Léon Bloy, le 28 mai 1896 : « … Enfin un Napoléon à Sainte-hélène, dans un paysage atroce, coiffé du panama et en train de jardiner dans le plus prudhommesque des accoutrements et, cependant, encore sublime et terrible… C’est du moins ce que j’ai essayé de faire ».