Nice-Matin (Cannes)

« La gauche, la droite, j’en ai rien à foutre ! »

- CHRISTOPHE CIRONE

« C’est le retour à la vie de la vallée. On va faire en sorte que le train roule sur les rails. » Sur ce constat matinal de Renaud Muselier, hier à Fontan, un journalist­e tente une percée : « Mais le train LR a déraillé ! » Réponse en forme d’esquive : « C’est un autre problème... » Hilarité générale.

Hier, dans la Roya, l’heure est aux retrouvail­les avec le train des Merveilles (lire pages suivantes). Mais les guerres intestines de la droite se sont invitées à bord.

Le président de la Région Sud, qui brigue sa propre succession d’ici sept semaines, a pris de la hauteur (Tende, 815 mètres d’altitude). Il vient célébrer la bonne nouvelle ferroviair­e, souligner les efforts en ce sens de la collectivi­té qu’il préside. Pourtant, difficile de laisser à quai LE sujet qui divise la droite française. A savoir ce ticket LR-LREM pour les régionales, qui vaut à Renaud Muselier d’être mitraillé par son propre camp.

Absences remarquées

Arrivée à Tende. Le son de l’accordéon couvre le bruit des balles. A vrai dire, le plus farouche détracteur de ces liaisons dangereuse­s est absent. Au même moment, Eric Ciotti est sur le plateau d’europe 1 .Ledéputé LR dit la « honte » que lui inspire le choix de Renaud Muselier. Lequel, à ses yeux, « ne fait plus partie des Républicai­ns ».

Eric Ciotti n’est pas le seul absent. Manquent à l’appel les présidents de deux des trois collectivi­tés territoria­les incontourn­ables dans la Roya. Charles-ange Ginésy, président du Départemen­t des Alpesmarit­imes, très proche d’eric Ciotti. Et Jean-claude Guibal, président de la Communauté d’agglomérat­ion de la Riviera française. Le maire LR de Menton n’a peut-être pas digéré le soutien en creux apporté par Renaud Muselier, en 2019, à son opposant Olivier Bettati, élu régional sur la liste de Marion Maréchal-le Pen, dans la course aux municipale­s. Christian Estrosi est bien là, lui. Président de la Métropole niçoise, viceprésid­ent de la Région, et grand partisan de l’alliance LR-LREM et, on n’en attendait pas moins, la députée LREM de la circonscri­ption, Alexandra Valetta-ardisson. Le maire de Nice ne tarit pas d’éloges sur son « cher Renaud ». L’intéressé le rend bien à son « ami Christian »... Et finit par se lâcher à la tribune. « Y’a pas de gauche, y’a pas de droite. En fait, j’en ai rien à foutre ! Je suis de droite, et alors ? Je suis fréquentab­le ou je ne suis pas fréquentab­le ? »

Le show se poursuit face aux micros. Un journalist­e y va au culot : « Vous êtes un traître pour LR ? » Renaud Muselier s’esclaffe. Derrière son masque, difficile de lire s’il rit jaune. « (...) Mort de rire. Une autre question ? » Elle arrive fissa.

«Mortderire»

Ciotti estime qu’il fait le jeu du RN ? Muselier tacle son contempteu­r les deux pieds décollés : «Jenesaispa­s où il est. Il devrait être là aujourd’hui. Bizarre, il n’est pas là... Ceux qui aiment les gens, qui aiment leurs vallées, ils sont là aujourd’hui. Ça, c’est la vraie vie politique. » Fermez le ban. Pour la photo de famille, on repassera. D’autant que plusieurs élus italiens ont boudé la cérémonie aussi. Eux s’agacent que les travaux tardent toujours sur la ligne Breil-vintimille. Chacun ses soucis.

Avec une apparente décontract­ion, Renaud Muselier invite les journalist­es à « parler des trains qui arrivent à l’heure », et rappelle qu’« à chaque jour suffit sa peine ». Christian Estrosi élude le sujet brûlant, s’indigne même : ce n’est pas le thème du jour. De fait hier, de Breil à Tende, l’ambiance était bien plus à la fête que chez LR.

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(Photo Christophe Cirone)

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