« Belle émotion » pour le retour du TER à Tende
Le train des Merveilles a été applaudi pour son retour dans la haute Roya, hier, sept mois après la tempête Alex. Il restera gratuit tout l’été. Reste à ajuster ses horaires et assurer sa relance.
Sur le quai de la gare de Tende, Nicole et Jacqueline improvisent un pas de danse. La foule s’est éloignée. Ces deux soeurs se retrouvent seules avec le train des Merveilles. Alors elles dansent pour le célébrer, malgré la contrainte du masque. Elles dansent « à l’idée, que cette ligne va être pérennisée. Et ça, c’est formidable ! »
Sept mois qu’ils attendaient ça. Sept mois que les habitants de Tende, Saint-dalmas-de-tende et La Brigue guettaient sa silhouette élancée et son bleu Méditerranée. Le TER a fait son retour dans la haute Roya, hier matin. Le voici enfin remis sur de bons rails après la tempête Alex. Cela valait bien une salve d’applaudissements, des chants traditionnels et quelques pas de danse.
« C’est une belle émotion. Un premier pas vers un retour à la normale. » Robert Cerrato, tout juste retraité de l’hôpital de Tende, dit le soulagement des habitants. La haute vallée est à nouveau desservie par sa « ligne de vie ». «On a bon espoir que tout s’arrange.
Petit à petit, on va y arriver », positive Céline Cousinié, retraitée tendasque.
Pour en arriver là, il a fallu un travail de titan. « 340 « clous » de 15 mètres fichés dans la paroi, noyés dans du béton armé. 337 000 litres de béton appliqué. 10 000 heures de travaux acrobatiques... » Le directeur régional de SNCF Réseau, Karim Touati, retrace les opérations qui ont permis de sauver le mur à arcatures de Fontan. Son instabilité a retardé de trois mois et demi la reprise du trafic. Les travaux ne sont d’ailleurs pas terminés. Mais la SNCF a fait le choix « de rouvrir le plus tôt possible, en toute sécurité ».
« On est passé. Ça a tenu ! »
Le mur à arcatures, nous y voici. Au-dessus. « On est passé. Ça a tenu ! », sourient Gil Marsalla et Sophie Chaix, bénévoles des Week-ends Solidaires en route pour Castérino. Passage prudent, à allure réduite : 10 km/h. Pour l’instant.
Le train ne dépasse toujours pas les 40 km/h entre Breil et Tende, malgré 30 millions de travaux, dont 20 pour ce seul tronçon (1). « Il reste beaucoup de travaux à faire sur la ligne », rappelle Sylvain Gogois, du Comité de défense de la ligne Nice-cuneo. Pour l’heure, il salue « un grand jour. Surtout pour les gens du haut de la vallée ». Ils sont hélas rares à bord. L’ouverture des réservations a été annoncée trop tard.
9h37. « Tende, terminus ». La foule. Les chants. Le soleil. Les sourires. Et les discours. L’émotion
est perceptible dans la voix de Jean-pierre Vassallo. Le maire de Tende rappelle le « cataclysme » vécu par sa commune. À présent, l’édile veut que « ce train devienne vraiment utile. Il faut que les horaires correspondent aux besoins de la population ! »
Gratuité prolongée tout l’été
C’est la principale doléance adressée à la SNCF et la Région Sud. « Ils sont inadaptés. Ça a été très mal pensé. C’est bien d’avoir le train, mais ça gâche le plaisir », grince Luc Fioretti, l’un des porteparole du Comité de soutien des voies de circulation de la Roya. Message entendu. Renaud Muselier promet de revoir les horaires. Le président de Région, candidat à sa réélection fin juin, annonce aussi le maintien de la gratuité du « pass réouverture » sur la ligne Nice-tende « pour tout le monde jusqu’en septembre ». Applaudissements nourris. À l’instar de bien des habitants, Luc Fioretti se dit satisfait, mais prudent.
Le retour du train à Tende «est un premier pas. À présent, il faut dépasser les discours et réaliser les autres étapes : refaire la ligne Breilvintimille, concrétiser le contrat d’avenir signé par l’état et la Région... » L’éditeur mentonnais Michel Braun, spécialiste de la ligne Nice-cuneo, sait que son histoire n’est pas de tout repos. Elle s’est enrichie hier d’une page emplie d’espoir.
(1) Financés à 10,5 millions d’euros par l’état, 7,5 millions par la Région, 2 millions par le Département.