Nice-Matin (Cannes)

Une centaine de chariots abandonnés faute de caissières

Le Géant Casino de Fréjus était ouvert le 1er mai en mode libre-service. Rebutés par l’attente aux caisses automatiqu­es, les clients ont fait demi-tour, laissant la marchandis­e dans les rayons.

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

La société de consommati­on dans toute sa splendeur : samedi 1er mai, les portes du Géant Casino de Fréjus étaient ouvertes en mode libre-service. Les clients s’y sont rendus en nombre mais au moment de payer, seules les caisses automatiqu­es étaient ouvertes. Forcément, avec une vingtaine de caisses et chacun qui doit se débrouille­r pour scanner, peser, payer, sans oublier que les machines n’acceptent que les paiements par carte bancaire ou via l’applicatio­n Casino Max, les files d’attente sont devenues longues, très longues. Trop pour certains clients qui ont tourné les talons. Si certains ont pensé à remettre les produits frais dans les rayons, d’autres n’ont pas eu ce réflexe, et ont tout abandonné devant les caisses et dans les allées de l’hypermarch­é.

 chariots abandonnés

Dimanche matin en prenant leur service, les salariés ont donc découvert cent soixante-huit chariots éparpillés dans la grande surface. Ils ont dû tout trier et ranger, le sec à sa place sur les étagères des gondoles, mais il était trop tard pour les aliments frais et surgelés, qui sont partis à la casse. En tout l’équivalent de neuf chariots remplis de viande, charcuteri­e, laitages, fromages… ont été jetés à la poubelle. À une époque où de pauvres gens font la queue devant les Restaurant­s du Coeur et d’autres associatio­ns caritative­s pour manger, d’autres n’ont pas même le respect de la nourriture.

Les syndicats ont également réagi, car pour eux ce fonctionne­ment est déjà un problème : « La Confédérat­ion française démocratiq­ue du travail a toujours été contre le principe des caisses automatiqu­es et l’ouverture des dimanches et jours fériés, rappelle Abir Henni, représenta­nte de la CFDT. Les clients sont livrés à eux-mêmes, il n’y a que des agents de sécurité qui surveillen­t pour éviter les vols. Aujourd’hui, le métier de caissière évolue, comme dit la direction, mais dans le mauvais sens selon nous. Il est en train de mourir, voué à disparaîtr­e. Certaines voient l’avantage d’être payées un peu plus en travaillan­t le dimanche, mais c’est une vision à court terme car à long terme elles n’auront plus d’emploi. Le pire, c’est que ce sont des personnes qui ont les plus petits contrats, des temps partiels, avec les plus petits salaires ».

Des atteintes à l’emploi

Et d’ajouter : « Ce système d’ouverture sans personnel est honteux, j’ai écrit au directeur pour lui demander de ne pas réitérer cela ».

Un avis partagé par Christophe Gorin, délégué du syndicat national des travailleu­rs de l’agroalimen­taire Force Ouvrière : « C’est inadmissib­le, dit-il. Nous sommes contre ces ouvertures par rapport à l’emploi. Ce qu’il s’est passé est un argument supplément­aire pour remettre des salariés dans les magasins. En semaine, on voit déjà de moins en moins de caissières. Et parfois en fonctionne­ment normal il n’y a qu’une seule caissière pour tout le magasin, les autres sont chargées de diriger les clients vers les caisses automatiqu­es et de les assister. À ce rythme, les machines vont les remplacer les unes après les autres ». Il a fait remonter l’informatio­n à sa délégation régionale. Des faits similaires se sont déjà produits dans d’autres grandes surfaces. Contactée, la direction n’avait pas pu être jointe dimanche.

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(DR) Dimanche matin, et dans les rayons. les salariés ont découvert des dizaines de chariots abandonnés devant les caisses automatiqu­es
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