Nice-Matin (Cannes)

FIA FORMULE  « Grandir toujours plus vite »

Après une saison en F3 Régionale jalonnée de six victoires, Arthur Leclerc découvre l’étage supérieur cette semaine à Barcelone. L’occasion pour le Monégasque d’accélérer sa progressio­n.

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Attention, en 2021, sur certains circuits où roule des mécaniques sa majesté F1, un Leclerc peut en cacher un autre. A Barcelone, dès ce week-end, puis au Castellet (GP de France, 25-27 juin), à Spielberg, Budapest, Spafrancor­champs, Zandvoort et Austin, le championna­t FIA F3 accueiller­a en effet un rookie nommé Arthur Leclerc. A 20 ans, le jeune frère de Charles, pensionnai­re à son tour de la Ferrari Driver Academy, et vice-champion sortant F3 Régionale Europe (6 victoires, 8 pole positions), sera forcément suivi de près sur la scène majuscule des Grands Prix qui va le soumettre à rude concurrenc­e. Rencontre avant l’imminent top départ dans l’arène catalane...

Arthur, seulement quatre jours d’essais avant de démarrer, ça suffit ? Êtes-vous prêt ?

Oui, je le suis. En Autriche puis à Barcelone, on a beaucoup travaillé avec le team. Si j’évolue toujours au sein de l’écurie Prema Racing, c’est un autre staff technique qui m’épaule, ingénieur et mécanos. La première journée à Spielberg nous a donné un peu de fil à retordre.

Après les sensations sont allées crescendo.

Nous avons trouvé des réglages corrects pour le week-end d’ouverture en Espagne. Attention, il reste du pain sur la planche.

Mais j’ai la chance de compter deux coéquipier­s possédant déjà une saison d’expérience (le Britanniqu­e Olli Caldwell, en , et le Norvegien Dennis Hauger, ndlr). À leurs côtés, j’espère apprendre rapidement...

Quelle a été votre priorité lors de ces deux répétition­s générales ?

Il fallait d’abord s’adapter à la voiture. Aux pneus, surtout. Par rapport aux Pirelli chaussées la saison dernière en F Régionale, ceux-ci présentent des caractéris­tiques différente­s. Ils s’exploitent d’une autre manière. Globalemen­t, les gommes hard et médium qui nous sont allouées en FIA F sont plus tendres, donc elles offrent plus de grip et elles se dégradent plus vite. Savoir les chauffer et trouver la bonne fenêtre d’utilisatio­n pour en tirer la quintessen­ce, ce n’est pas simple...

Il s’agit vraiment d’une autre Formule  ?

Ah oui ! L’écart saute aux yeux dès les premiers tours. Le moteur de la F version FIA est plus puissant. Même constat pour le pack aéro qui permet de garder énormément de vitesse dans les virages rapides. Et pareil pour le freinage. Les repères changent. En déboulant  km/h plus vite, vous freinez plus tard. Les rookies comme moi doivent s’adapter.

Tenez, en , Théo Pourchaire a un peu souffert en début de saison. Mais il est ensuite parvenu à trouver le rythme. Et il a fini fort.

À votre avis, quel est le paramètre numéro , le challenge le plus ardu ?

Dans cette catégorie, on roule très peu. Par exemple, lors d’une séance qualif’, vous n’avez que deux tentatives. Deux tours rapides, pas plus ! Parce qu’à la fin de chaque run, l’efficacité des pneus diminue déjà. Il faut donc savoir tout mettre dans l’ordre au bon moment. Être capable de donner le maximum à l’instant T.

La hiérarchie des tests on peut s’y fier ou mieux vaut la prendre avec des pincettes ? Comme d’habitude, certains ont caché leur jeu. Peu importe. Regardez les classement­s : chaque jour, les écarts étaient infimes. Moi, c’est ce que je retiens. En FIA F, si vous lâchez deux dixièmes en bloquant une roue au freinage, le couperet tombe illico.

Vous perdez dix positions ! Au moindre écart, vous êtes sanctionné.

Erreur interdite !

Pilote débutant chez Prema : vous avez le même profil qu’oscar Piastri, le champion FIA F . Donc vous visez le titre, naturellem­ent ?

Moi, vous savez, j’ai un esprit de compétiteu­r. Depuis mes débuts en kart, j’ai envie de gagner tout le temps. Par conséquent, si je dispute ce championna­t, c’est avec l’ambition d’aller haut. Là, au départ, mon premier objectif consiste à réaliser la meilleure progressio­n possible. Apprendre, améliorer, grandir toujours plus vite, voilà !

Rouler sous les yeux de la F, en général, et de la Scuderia Ferrari, en particulie­r, ça change quoi ?

Il y a trois ans, au moment d’entamer ma trajectoir­e en monoplace, j’étais loin d’imaginer que je disputerai un jour des courses en lever de rideau des Grands Prix. Evoluer dans un tel environnem­ent, quelque part, c’est magique, c’est top !

‘‘

Je vais rester dans ma bulle ”

Mais ça ne modifie en rien mon approche, ni ma méthode de travail. Je vais rester concentré à  % sur ce que j’ai à faire.

Dans ma bulle !

Vous avez intégré la Ferrari Driver Academy début . Un an après, Arthur Leclerc est-il un autre homme, un autre pilote ?

Oui, clairement !

D’abord, le fait de disposer de tous les data, toutes les vidéos de mes roulages, permet un travail plus profond, plus efficace.

Avec l’ingénieur qui m’épaule à temps plein, on enchaîne les débriefing­s, les analyses, sans cesse. Ça m’aide beaucoup.

Je ne suis plus seul !

Et puis, en tant que personne, je m’imprègne de la mentalité et des valeurs propres à la FDA. Aujourd’hui, je me sens plus patient, calme, réfléchi.

La FIA F ne passe pas par Monaco, contrairem­ent à la F Régionale qui roule en Principaut­é cette saison. Le monde est mal fait, non ?

Quel dommage ! J’aurais vraiment adoré découvrir enfin ce circuit. Tutoyer la limite dans ces rues que je connais par coeur... Encore une fois, je serai spectateur à domicile. Je regarderai toutes les courses. En espérant que mon heure finisse par sonner bientôt.

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(DR) Arthur Leclerc : « Je m’imprègne de la mentalité et des valeurs propres à la Ferrari Driver Academy. »

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