Nice-Matin (Cannes)

« Rien n’a été fait pour les petits bateaux, c’est un problème »

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Présente depuis des milliers d’années, la posidonie est sensible à la moindre perturbati­on, qui peut la tuer. Heike Molenaar s’y intéresse depuis trente-cinq ans, après en avoir fait son sujet de thèse.

Y a-t-il une pénurie de posidonie ?

Comme toutes les plantes, elle utilise la photosynth­èse. Elle a besoin de lumière pour s’épanouir. Entre la pollution et l’aménagemen­t du littoral, elle en a moins, car l’eau devient plus trouble. Il y a quarante ans, la posidonie pouvait pousser jusqu’à  mètres de profondeur. Maintenant, elle ne dépasse plus  mètres. Sur la Côte d’azur, la pente est douce. Perdre  mètres de profondeur, c’est donc très important en longueur. Ça représente des hectares entiers.

Les gros bateaux sont-ils particuliè­rement responsabl­es ?

Les gros yachts ne sont pas concernés, car ils jettent leur ancre au-delà des  mètres. Ils mouillent plutôt loin de la côte. Là, l’effort a été demandé aux unités moyennes. Et c’est vrai que rien n’a été fait pour les petites unités. C’est un problème. Je le regrette, mais on sait que cette activité fait vivre la région.

Il y a d’autres sources de pollution. La crème solaire, entre autres ?

Oui. La crème solaire, c’est de l’huile. Quand on se baigne, une auréole se crée autour de nous. À grande échelle, ça fait de l’ombre, ça forme un voile à la surface et ça filtre la lumière qui entre sous l’eau. Aux Antilles, par exemple, des crèmes biodégrada­bles sont distribuée­s. Ça peut être une piste. L’autre danger, c’est l’aménagemen­t du littoral, qui est irréversib­le. Les ports, les digues… tout ce qui meurt entre  et  mètres de profondeur ne repousse plus. Et c’est là qu’il y a le plus de nurseries de poissons. Même si on replante plus profond, des poissons qui vivent entre  et  mètres de profondeur n’iront jamais plus bas.

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