Des savons pour buller local !
À la tête de sa savonnerie « Vingt-trois », Émilie Sarrazin fait la part belle aux ingrédients naturels. Une réalisation entièrement artisanale qui défend un mode de consommation plus conscient.
Gants, charlotte, masque. Avant d’entrer dans le laboratoire, les gestes demeurent les mêmes. Toujours. Si Émilie Sarrazin a troqué ses sabots en plastique contre des bottes, elle garde la blouse. Clin d’oeil à son ancienne profession : « J’étais infirmière en réanimation pédiatrique à Lenval à Nice. J’ai toujours plus ou moins su que j’allais avoir un autre parcours… »Son nouveau cheminement s’est dessiné à 7 300 kilomètres de chez elle : « Je suis rentrée dans une savonnerie au Canada. Et là, j’ai eu un déclic. » Mais avant de se tenir derrière la verrière de son atelier de la rue Thuret d’antibes, cette passionnée s’est lancée dans une grande expérimentation.
De savantes formules
« Au départ, j’ai testé à la maison. J’en offrais autour de moi. Et petit à petit, j’ai vu que cela plaisait vraiment. » Et comme elle n’est clairement pas du genre à faire les choses à moitié, elle mène à bien une formation au sein de l’université européenne des saveurs et des senteurs.
Une étape indispensable pour faire naître sa savonnerie, baptisée Vingt-trois. Un nom qui vient du coeur : « C’est le numéro de la maison familiale. » Un joli clin d’oeil à son histoire personnelle, que l’artisane écrit aujourd’hui dans des effluves fleurant bon l’authenticité : « Étant sensible à un mode de consommation plus respectueux de l’environnement, j’attache une grande importance à n’utiliser que des produits naturels. »
Une philosophie qui prend corps via la saponification à froid. Une technique basée sur la réaction entre un corps gras et une solution de soude. Sans cuisson, « cela permet de préserver les bienfaits des huiles et des beurres ». De la chimie faisant la part belle aux huiles essentielles, aux composants majoritairement made in France. Un engagement éthique qui se décline à travers sept recettes pour buller allant de la lavande-petit grain bigarade au banane-avoine en passant par l’aloe-spiruline. Avec, chacune, ses bénéfices. Détente, protection de la peau sensible, exfoliant… Quand il s’agit de créer, les idées ne manquent pas à Émilie Sarrazin : « J’ai un petit carnet où je note tout, je fais des croquis. Avant toute chose, je suis mes propres goûts. Deux nouveautés vont sortir cet été. »
Des savantes formules hydratantes et respectueuses du derme qui ne peuvent être le fruit de l’improvisation : « Chacune de mes recettes doit être validée par un toxicologue en amont. Les lois de la cosmétique encadrent la savonnerie. Les démarches administratives sont conséquentes, mais elles permettent de protéger le consommateur. »
« Comme du bon vin »
Une rigueur qui se retrouve dans le soin apporté aux savons. Parce que ces petites pépites demandent du temps. « Après le processus de fabrication qui prend environ deux heures, ils reposent dans le moule durant 24 à 48 heures. Ensuite, une fois découpé, je les laisse de côté dans leur plateau. Comme du bon vin, il faut qu’ils se bonifient ! » Une période de plusieurs semaines permettant au produit de perdre en eau et de porter si bien son adjectif de « surgras ». Un processus minutieux qui ne peut qu’être mené à bien, concrétisé entre de si bonnes mains !