Nice-Matin (Cannes)

Christian Estrosi claquera-t-il lui aussi la porte du parti ?

- JEAN-FRANÇOIS ROUBAUD jfroubaud@nicematin.fr

Quelques minutes seulement après qu’hubert Falco a décidé de reprendre sa liberté de pensée en quittant les Républicai­ns, les conjecture­s allaient déjà bon train sur la position de Christian Estrosi. C’est Valeurs actuelles, le mensuel proche de l’extrême droite qui, de très loin, en aura fait le plus, allant jusqu’à assurer que le président de la Métropole de Nice-côte d’azur allait suivre instamment le même chemin que le maire de Toulon.

Quels que soient les oracles politicien­s que les uns et les autres ont tenté toute la journée de décrypter, Christian Estrosi, hier, est resté très discret. Le matin, il était à Paris lors de la célébratio­n de la messe anniversai­re de la mort de Napoléon. Pas d’agenda politique particulie­r. Silence radio.

Falco aurait échangé au préalable avec Estrosi

Au lendemain du traumatism­e d’un comité stratégiqu­e de LR où Renaud Muselier avait été sommé de renoncer à une alliance avec LREM, les Républicai­ns ont donc vu un de leurs ténors quitter le navire. Le Titanic

LR résisterai­t-il à une seconde déflagrati­on ?

Si la décision d’hubert Falco aurait été prise sans en informer Renaud Muselier, le maire de Toulon aurait cependant échangé avec Christian Estrosi. Que se sont-ils dit ? Mystère. Pour Hubert Falco, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, voire la rade de Toulon, a été la flèche sémantique décochée la veille par Christian Jacob : ciblant sans ellipse aucune Hubert Falco et Christian Estrosi, le président des LR avait lâché à Renaud Muselier un cinglant « Tu as des amis malfaisant­s ». Cette petite phrase a-t-elle également affecté le maire de Nice ? Nul le sait. D’autant moins que, mardi, la controvers­e cataclysmi­que allumée notamment par Éric Ciotti et les porteurs d’une droite très dure au sein de LR s’est terminée en queue de poisson. Beaucoup de bruit pour rien : plus question d’exclusion de Renaud Muselier et remballage immédiat du projet furtif – et sans doute électorale­ment funeste – de constituti­on d’une liste 100 % LR contre Muselier.

Un rapprochem­ent qui ne date pas d’hier

Ce jugement à la Salomon a-t-il convaincu Christian Estrosi de ne pas – encore – claquer la porte d’un parti dont il demeure l’un des grandes figures historique­s ? Selon Le Monde, Renaud Muselier aurait hier tenté de convaincre Christian Estrosi de rester dans sa famille politique.

Reprendre sa liberté vis-à-vis de LR ne semble pas impliquer un ralliement à La République en marche. Pour Hubert Falco, alliance locale ne signifie pas allégeance nationale. Pour autant, cette convergenc­e du maire de Toulon, et peut-être de Christian Estrosi, ne tombe pas totalement du ciel. Si Hubert Falco s’est rapproché d’emmanuel Macron depuis un fameux déjeuner, le 4 août dernier, place de la Liberté à Toulon, le rapprochem­ent entre Emmanuel Macron et le président de la Métropole Nice Côte d’azur est plus ancien.

Quelques jours avant le premier tour de la présidenti­elle de 2017, Christian Estrosi, alors président de la Région Sud, avait reçu officielle­ment et en grande pompe – dans son bureau de l’hôtel de Région à Marseille – celui qui n’était encore que le candidat Macron. Un premier signe qui, déjà, en annonçait d’autres ?

Le suspense n’a en tout cas pas été levé par Christian Estrosi. Les enjeux sont, il est vrai, d’importance. Hier, Hubert Falco s’est empressé d’assurer Renaud Muselier de la permanence de son soutien dans le combat électoral à venir. Mais si Christian Estrosi prenait le même chemin, qui tirerait la liste LR dans les Alpes-maritimes ? Avant que la saison 2 des déboires des LR ne recommence hier, Renaud Muselier avait confié cette mission à Christian Estrosi.

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(Photo d’illustrati­on archives P. Bl.) Après Hubert Falco, le maire de Nice pourrait lui aussi être tenté par l’appel du large.

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