Tunnel de Tende : France et Italie optent pour le viaduc
La Conférence intergouvernementale a retenu hier le scénario le plus consensuel : travaux sur le nouveau et l’ancien tunnel, et raccordement via un pont unique. Reste à savoir le calendrier.
Cette fois-ci, la direction est tracée. Le chantier du col de Tende a connu une avancée décisive hier, lors de la Conférence intergouvernementale (CIG). France et Italie ont validé la création d’un viaduc au sommet de la Roya, pour raccorder deux tunnels à la RD 6204.
Ne reste plus qu’à attendre le feu vert technique. « Le choix technique a été validé », rapporte Philippe Tabarot, conseiller régional en charge des transports. L’anas (l’agence nationale des routes italiennes) avait mis deux scénarios sur la table, auxquels s’ajoutaient deux propositions françaises.
« L’option choisie unanimement par l’état, la Région et le Département sur la partie française, c’est de créer un viaduc bidirectionnel de 65 mètres, qui permet de raccorder la RD 6204 à la plateforme d’entrée des deux tunnels ». Pour Philippe Tabarot, « cette solution a au moins trois avantages : c’est la plus rapide, la moins coûteuse, et la plus sécurisée au niveau juridique ».
Éviter un nouveau retard
La connexion routière entre Ligurie et Piémont revêt un enjeu économique et touristique majeur. Or le chantier démarré en 2014 a été stoppé de 2017 à 2020, pour cause de scandale judiciaire, puis à cause de la tempête Alex. Le 2 octobre 2020, un pan entier de la montagne s’est effondré, bloquant l’entrée du tunnel historique et du tube en construction. À défaut, l’anas envisageait de percer plus bas. Avantage : supprimer les lacets routiers. Mais cette nouvelle voie « aurait coûté une fortune », estime le président du Département des Alpes-maritimes, Charles-ange Ginésy.
Surtout, les autres options « avaient le désavantage de remettre en cause l’enquête publique de l’époque et le traité qui lie la France et l’italie ,remarque Philippe Tabarot. C’était trop lourd juridiquement. On repartait sur des mois, voire des années d’études... Et on ouvrait une boîte de Pandore, sachant les oppositions de certains au projet. » Le choix s’est donc fait « naturellement ».
Au menu : reprendre les travaux du nouveau tunnel, mettre l’ancien aux normes, connecter les deux à la sortie, et édifier un viaduc audessus de la Ca. Un seul pont, et non deux comme envisagé jusqu’alors. Un pont bow-string, sans culée au milieu. Un comité technique doit être créé avant l’été pour valider cette solution.
Ginésy interpelle Pompili
Côté finances, d’après Philippe Tabarot, les surcoûts resteraient dans les limites de l’enveloppe initiale : 255 millions d’euros. Bien en deçà, même. Selon l’anas, il faudra rajouter 45 millions aux 133,5 millions prévus. 42 % des travaux sont financés par la France, à raison d’un tiers par contributeur (Etat, Région, Département). «Bravo!» Jean-pierre Vassallo applaudit cette « très bonne nouvelle ». Le maire de Tende redoutait les aléas d’un nouvel appel d’offres ou d’un percement plus bas. « Je suis vraiment satisfait. C’est la solution qui nous permettra de rejoindre l’italie le plus rapidement possible. »
Quand ? La question reste en suspens. Satisfait du choix du viaduc, Charles-ange Ginésy s’agace, en revanche, du flou autour du plan de financement et du calendrier des travaux. Il a écrit à la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, pour réclamer « une visibilité » pour « les usagers, en premier lieu les habitants de la vallée de la Roya ». Par ces temps difficiles, ils en ont bien besoin.